Une étude publiée dans la revue Scientific Reports a analysé les effets des pratiques viticoles sur la biodiversité à différents niveaux trophiques allant des microbes aux pollinisateurs sauvages. Les résultats montrent des différences entre des systèmes de culture certifiés biologique et des systèmes dits « conventionnels ».
L’agriculture a des liens très forts avec la biodiversité. En fonction du système de culture utilisé (biologique ou non), les effets sur les communautés végétales et animales varient. Une récente étude réalisée par des chercheurs de l’Institut national de la rechercher pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) a cherché à comprendre dans un premier temps les impacts des différentes pratiques viticoles (AB ou conventionnelle), à différentes échelles spatiales, sur l’abondance et la diversité taxonomique de sept communautés distinctes, allant des microbes aux pollinisateurs.
Les résultats publiés dans la revue Scientific Reports montrent qu’aucune différence significative de composition ou de diversité taxonomique n’est constatée entre les parcelles conduites en AB ou celles considérées comme « conventionnelles ». En effet, les deux systèmes s’équilibrent puisque ceux certifiés en AB ont favorisé l’abondance des collemboles 3 (+31.6%) et des araignées (+84%) en comparaison des systèmes de culture non certifiés. Les systèmes de culture viticoles certifiés en AB ont en revanche limité l’abondance des pollinisateurs sauvages (-11.6%) et de la biomasse microbienne (-9.1%) et n’ont pas eu d’effet notable sur l’abondance des carabes, des acariens ou d’autres microarthropodes du sol par rapport aux systèmes conventionnels, explique l’INRAE dans un communiqué.
Dans un second temps, les auteurs de l’étude ont analysé les effets des différentes pratiques agricoles sur l’abondance et la diversité des communautés. Selon leurs résultats, la perturbation du sol, l’utilisation d’insecticides (utilisés à la fois dans les systèmes certifiés en AB ou non) et les taux de cuivre dans les sols étaient des déterminants majeurs de l’abondance de ces communautés. « Les résultats suggèrent des effets négatifs de l’utilisation d’insecticides sur l’abondance des pollinisateurs sauvages, des carabes et des collemboles », précise l’INRAE. Les scientifiques mettent aussi en évidence que le contexte paysager et notamment la quantité d’habitat semi-naturels comme les prairies ou forêts joue dans la balance. « Ces résultats indiquent clairement l’importance d’analyser les combinaisons de pratiques agricoles, au-delà des certifications environnementales, pour comprendre les relations entre agriculture et biodiversité ».