Une étude publiée dans Nature Communications tente de quantifier l’ampleur et le coût des impacts humains sur les forêts, et plus particulièrement sur la forêt Atlantique d’Amérique du Sud. Les résultats révèlent une situation alarmante.
L’impact des activités humaines sur les forêts tropicales va au-delà de la déforestation. Cette dégradation des forêts déclenche un grand nombre de modifications : elles sont plus exposées au feu, à l’exploitation agricoles, à la chasse et aux invasions d’espèces exotiques. Tous ces facteurs entraînent l’érosion de la biodiversité. Les chercheurs ont alors tenté d’évaluer l’ampleur et le coût de ces impacts sur cette forêt. L’étude publiée dans Nature Communications met en évidence que les impacts humains ont déjà causé des pertes de 23 à 42% de la biodiversité et des stocks de carbone des vestiges de la Forêt Atlantique d’Amérique du Sud.
Les chercheurs ont utilisé quelques milliers d’enquêtes sur le terrain, réparties dans toute la région. La dégradation de la biodiversité est encore difficile à mesurer à l’aide de capteurs à distance, tels que des images satellites. Par conséquent, les scientifiques ont eu besoin de réaliser des inventaires sur le terrain pour obtenir des estimations fiables de la perte de biodiversité.
Les résultats montrent que les morceaux de forêt altérés par la déforestation et autres facteurs qui en découlent ont en moyenne 25 à 32% de biomasse en moins, 23 à 31% d’espèces en moins, et 42% d’espèces endémiques en moins. Des estimations similaires en ce qui concerne la perte de biomasse (18-57 %) ont été rapportées à des échelles spatiales plus petites pour les forêts pluviales néotropicales et à l’échelle mondiale, suggérant que les estimations de la richesse et de l’érosion de la biomasse sont représentatives de la forêt atlantique.
Les auteurs ont également estimé combien ces pertes représenteraient pour la Forêt Atlantique dans son ensemble. Ces dégradations entraînent une diminution importante de la capacité d’absorption du carbone de la forêt (jusqu’à 70 000 km2 de forêt n’auraient plus la capacité de séquestrer le carbone). Cela équivaut à 2,6 milliards de dollars de crédits carbone. À noter que ces chiffres ne tiennent pas compte de la valeur d’autres services écosystémiques importants, tels que le cycle de l’eau et la régulation climatique.
L’étude souligne l’importance des zones strictement protégées pour réduire les pertes de biodiversité et de carbone. Bien que les recherches aient révélé des pertes importantes même au sein de ces aires protégées, ce sont les zones qui en recensent le moins. Les auteurs rappellent alors la nécessité de créer de nouvelles zones de conservation mais également de renforcer la protection à l’intérieur de celles existantes.