Des recherches publiées dans la revue Ecosystems ont analysé les pelouses sèches méditerranéennes de la plaine de Crau, dans les Bouches-du-Rhône, et la dynamique de la végétation de parcs à brebis proches de bergeries entre l’époque du Haut Empire Romain et aujourd’hui, afin d’évaluer l’impact des pratiques pastorales sur la végétation actuelle.
Une étude publiée dans la revue Ecosystems a démontré que même après plus de 2000 ans d’abandon, la végétation et les sols des anciens enclos romains restent différents non seulement des autres enclos abandonnés à des dates plus récentes, mais aussi de la végétation steppique actuelle, jamais perturbée et servant donc de témoin. Cela est significatif pour la composition et la richesse spécifique de la végétation ou encore, au niveau du sol, pour leur teneur en carbone organique et en phosphore disponible.
Les chercheurs ont remarqué que la résilience de la végétation steppique après abandon des enclos est ainsi très lente et encore incomplète au bout de deux millénaires. Elle peut être expliquée par les conditions climatiques qui caractérisent cet espace méditerranéen, les sécheresses récurrentes et la pauvreté du sol ralentissent fortement les processus de minéralisation de la matière organique, ce qui permet ainsi la persistance d’espèces végétales de milieux plus fertiles des anciens enclos à moutons.
Ces résultats remettent en question les modèles théoriques de succession végétale sur le long terme. En effet, une simple concentration d’ovins sur une petite surface peut alors modifier la dynamique générale pendant des siècles. Cela pose aussi la question de la faisabilité de la restauration de certains écosystèmes actuels beaucoup plus dégradés que ne l’était cette végétation quand les Romains y avaient juste rassemblé quelques brebis dans des petits enclos.