Et si la répartition des langues dans le monde était corrélée à l’environnement ? C’est la question que se sont posés des chercheurs du laboratoire « De la préhistoire à l’actuel : culture, environnement et anthropologique », du Römisch-Germanisches Zentralmuseum Mainz et du Max Planck Institute Seewiesen.
Publiée dans PLOS ONE, une étude de chercheurs du laboratoire « De la préhistoire à l’actuel : culture, environnement et anthropologique », du Römisch-Germanisches Zentralmuseum Mainz et du Max Planck Institute Seewiesen, tente de comprendre le lien entre la répartition des langues et l’environnement. Les chercheurs ont utilisé une nouvelle méthode : « La Modélisation de niche écolinguistique ». La modélisation de niche écologique est utilisée en écologie pour définir les conditions environnementales optimales pour une espèce animale ou végétale. Elle utilise des algorithmes prédictifs, les points d’occurrences des espèces et de nombreuses variables climatiques et topographiques. Les scientifiques ont adapté cette technique à l’étude de la répartition des langues. « La modélisation de niche écologique » devient pour cette étude « la modélisation de niche écolinguistique« .
Les recherches menées en Nouvelle-Guinée montrent que les groupes linguistiques du territoire partagent le plus souvent leur environnement avec d’autres groupes, mais qu’une influence de l’écologie se dégage uniquement au niveau des familles linguistiques. Il est connu que les facteurs environnementaux jouent un rôle majeur dans la répartition des espèces végétales et animales mais l’impact de ces derniers sur le comportement humain doit être approfondi. L’étude franco-allemande publiée dans PLOS ONE s’est attaquée à la question du lien possible entre répartition géographique des langues et l’environnement.
La méthode de modélisation de niche écolinguistique a permis de prendre en compte simultanément une série de variables environnementales et de tester leur influence sur chaque groupe linguistique. Cet outil a permis de mettre de côté les aprioris quant à un impact équivalent des facteurs environnementaux sur la répartition spatiale des groupes linguistiques pouvant avoir des stratégies de subsistance ou des adaptations socioculturelles qui leur sont propres. 29 groupes linguistiques de l’archipel de Nouvelle-Guinée ont ainsi été étudiés. Les résultats montrent différents types de corrélations avec l’environnement.
Les chercheurs ont remarqué que la plupart des groupes linguistiques partagent leur niche écolinguistique avec d’autres groupes linguistiques, sous-entendu qu’il n’y a pas de corrélation nette entre l’environnement et la répartition géographique de ces groupes. D’autres facteurs doivent alors être pris en compte pour comprendre la diversification linguistique notamment les aspects psycho-sociaux, historiques ou culturels. Contrairement à ce qui a pu être observé pour les groupes linguistiques, les familles linguistiques présentent peu de similitudes entre les niches respectives. Il serait donc possible que l’environnement joue un rôle dans l’expansion et la répartition des populations parlant des langues appartenant à une même famille linguistique.