Les espèces de raies en déclin plongent beaucoup plus profondément que ce qui avait été enregistré auparavant, peut-être pour accéder aux rares réserves de zooplancton
Les premières données recueillies sur le comportement de plongée des raies manta de récif en Nouvelle-Calédonie étendent considérablement la gamme de profondeur connue pour cette espèce vulnérable en déclin, selon une étude publiée le 18 mars dans la revue en libre accès PLOS ONE par Hugo Lassauce de l’Université de Nouvelle-Calédonie, et ses collègues. Ces résultats ajoutent de nouvelles informations sur l’utilisation de l’habitat de l’espèce dans une région où le comportement de cette espèce n’a pas été étudié auparavant, et augmentent de plus de 200 m la profondeur connue de son aire de répartition.
Les raies manta de récif (Mobula alfredi) sont en déclin dans le monde entier, en grande partie à cause de la pression de la pêche. Des informations plus détaillées sur la distribution et l’utilisation de l’habitat des mantas de récif sont nécessaires pour éclairer les mesures de conservation et de gestion de la pêche afin d’assurer la survie à long terme de l’espèce, désormais inscrite comme vulnérable sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En utilisant des balises satellitaires pour étudier les mouvements à petite échelle et l’utilisation de l’habitat des raies manta, les chercheurs rapportent que les résultats de neuf balises déployées en Nouvelle-Calédonie, enregistrant les plongées les plus profondes connues au monde pour les raies manta des récifs.
Tous les individus marqués ont effectué des plongées dépassant 300 m de profondeur, avec une profondeur maximale de 672 m. La plupart des plongées les plus profondes ont eu lieu pendant la nuit, peut-être pour accéder à d’importantes ressources alimentaires. Les auteurs émettent l’hypothèse que ces résultats pourraient indiquer que l’abondance du zooplancton dans les eaux de surface entourant les récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie est insuffisante pour les raies manta de récif. Selon les auteurs, de nombreuses zones marines protégées dans l’ensemble de l’aire de répartition connue des raies manta de récif sont côtières et ne s’étendent pas aux eaux plus profondes du large. Comme les pêcheries en eaux profondes exploitent de plus en plus cette zone, l’étude souligne l’importance d’intégrer les eaux du large et les zones d’alimentation en eau profonde dans les initiatives de conservation des raies manta.