Une nouvelle étude démontre que les sociétés de fourmis, contrairement à celles des hommes, sont préservées des embouteillages et circulent avec aisance même quand le trafic est extrêmement dense, afin que leur récolte de nourriture ne perde jamais en efficacité.
Les embouteillages sont omniprésents dans la société humaine où les individus poursuivent leur propre objectif personnel. Par contre, si l’on regarde les déplacements de grandes colonies de fourmis, celles-ci ne semblent pas rencontrer ce problème. Rien de surprenant à cela : les fourmis partagent un but commun,la survie de la colonie, et agissent donc en conséquence en coopérant pour optimiser le rendement alimentaire. Des chercheurs du Centre de recherche sur la cognition animale du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), et de l’Université d’Arizona aux USA, ont mené 170 expériences filmées afin d’observer le trafic ou flux des fourmis entre leur nid et une source de nourriture. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Ils ont joué sur la largeur de la route et le nombre d’individus participant à l’expérience (de 400 à 25 600) pour faire varier la densité, c’est-à-dire le nombre d’insectes par unité de surface. Leur étude décortique ainsi la gestion du trafic chez des espèces comme la fourmi d’Argentine ou la fourmi rouge. « Surprise : chez les fourmis, quand la densité augmente, le flux croît puis devient constant, contrairement aux êtres humains qui, au-delà d’un certain seuil de densité, ralentissent jusqu’à avoir un flux nul et provoquer un embouteillage, explique le CNRS dans un communiqué. Les fourmis, elles, accélèrent jusqu’à atteindre la capacité maximale d’individus que peut supporter la route. » Elles semblent être en mesure d’évaluer l’encombrement local et d’ajuster leur vitesse en conséquence pour éviter toute interruption du flux du trafic. En cas de densité trop importante et de collisions entre fourmis trop nombreuses, les insectes changent de stratégie : « elles préfèrent éviter les collisions couteuses en temps plutôt que de continuer d’accélérer. Par ailleurs, les chercheurs ont observé qu’à trop forte densité, les fourmis ne s’engagent plus sur la route et attendent simplement qu’elle diminue pour se lancer. »
Le trafic des fourmis repose toutefois sur des différences fondamentales avec le nôtre : protégés par leur exosquelette, elles ne craignent pas les chocs, ce qui leur permet d’accélérer alors que nous, êtres humains vulnérables, préférons ralentir. « Les fourmis ne semblent pas tomber dans le piège des embouteillages car elles adaptent en continu leurs règles de déplacement en fonction de la densité locale là où le trafic automobile, lui, suit des règles imposées comme s’arrêter au feu rouge, indépendamment du trafic. » Le trafic chez les fourmis fonctionne donc comme système biologique auto-organisateur et adapté.
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