Une étude a levé le voile sur les zones d’alimentation des requins sur le globe. Les requins côtiers s’alimentent plutôt localement et dans une grande diversité d’habitats, tandis que les requins océaniques dépendent d’une nourriture produite dans une zone d’étendue plus restreinte en latitude.
Une étude internationale, dirigée par des chercheurs de l’Université anglaise de Southampton et impliquant 73 chercheurs de 21 pays (dont 5 chercheurs de l’Ifremer en France) a permis d’identifier les principales zones d’alimentation des requins à l’échelle de la planète. Les squales, des super-prédateurs présents dans tous les environnements maritimes, jouent un rôle important dans la structure et le fonctionnement des écosystèmes marins. « Ils ont des comportements alimentaires variés et sont aussi bien des consommateurs de petits invertébrés, comme les roussettes, que des super-prédateurs placés en haut des chaînes alimentaires, » explique l’Ifremer dans un communiqué. Pour autant, nos connaissances sur leurs habitudes alimentaires demeurent parcellaires. Connaître les zones d’alimentation des requins « permettrait « d’envisager des mesures de gestion plus efficaces pour ces espèces très mobiles » et soumises à de fortes pressions anthropiques.
L’étude, publiée dans Nature Ecology & Evolution, a mis en évidence une différence de comportement alimentaire entre les requins côtiers et les requins océaniques. En utilisant le rapport isotopique du carbone, un marqueur chimique de l’alimentation présent dans les tissus de tous les organismes, les scientifiques du monde entier ont pu déterminer les zones d’alimentation pour 144 espèces de requins. Ainsi, « les requins vivant à proximité des côtes s’alimentent localement sur une grande diversité de chaînes alimentaires, un peu comme des citadins qui peuvent choisir différents restaurants à proximité sans avoir besoin de sortir de la ville, » explique l’Ifremer. A l’inverse, les requins océaniques comptent largement sur le phytoplancton produit sur une zone restreinte en latitude (30-50° dans les deux hémisphères), en s’alimentant directement dans ces zones d’eaux froides et productives ou en consommant des proies qui ont-elles-mêmes ingérées du phytoplancton dans ces zones. Et l’Ifremer de poursuivre sa métaphore : « ce serait comme faire des kilomètres depuis des zones rurales pour aller manger dans quelques bons restaurants en ville. »