Une étude montre que l’intensité des incendies devrait augmenter dans les marges chaudes des forêts alpines : Alpes du sud, zones subalpines et sèches de haute altitude.
Avec le changement climatique, les incendies de forêts frappent plus fréquemment et plus intensément les forêts françaises. Si les forêts méditerranéennes sont globalement bien adaptées pour résister au feu ou se régénérer après lui, les forêts des Alpes, ordinairement soumises à des feux de surface de faible intensité et de surface réduite, pourraient souffrir davantage de cette évolution. Une étude récente de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea) d’Aix-en-Provence a analysé 2600 placettes forestières alpines pour savoir comment leurs espèces seront impactées par l’intensification des incendies dans les prochaines décennies. Pour cela, ils ont « simulé le comportement du feu […], sur la base de conditions météorologiques sévères, proches de celles attendues dans les prochaines décennies, explique l’Irstea dans un communiqué.Chaque placette est caractérisée par la végétation au sol et la composition et structure de la forêt, qui vont définir les caractéristiques de l’incendie. Les simulations ont permis d’estimer l’intensité de feu au sol, ainsi que la probabilité de propagation du feu dans la cime des arbres, qui est la cause principale de la mort des arbres.» Les résultats des simulations montrent que les intensités de feu les plus fortes seront situées dans les marges chaudes, notamment les Alpes du sud (forêts de chênes et/ou de pins) et les zones subalpines et sèches de haute altitude. En effet, ces forêts ont une « structure ouverte avec une forte végétation combustible proche du sol (litière, herbes, buissons), et sont régulièrement soumises à de longs épisodes météorologiques favorables aux incendies. Les feux de cime y sont fréquents et peuvent détruire la forêt. » Dans ces zones, les feux de surface peu intenses devraient évoluer vers un « régime de feu mixte avec des feux de surface et des feux de cimes» sous l’effet du changement climatique. Dans les forêts de la partie centrale des Alpes, humides et denses (essences de hêtre, de sapin et d’épicéa), l’intensité des feux devrait augmenter mais rester modérée : « le manque de lumière réduit la végétation au sol et maintient l’humidité. Par conséquent, l’intensité du feu permet rarement un passage des flammes en cime». En revanche, dans ces mêmes zones internes, les forêts sèches à une altitude supérieure à 1500 mètres (domaine du mélèze et des pins cembro et à crochets), entourées de végétation herbacée et en buissons, seront très vulnérables, car propices aux feux de cime. L’étude menée par Irstea fournit des recommandations aux gestionnaires afin qu’ils puissent choisir les espèces les plus adaptées au feu en fonction des zones forestières.