Suite à un avis rendu par le Haut conseil des biotechnologies, l’utilisation de moustiques génétiquement modifiés pour lutter contre les maladies infectieuses se précise.
Les maladies à transmission vectorielle, maladies virales ou parasitaires (dengue, paludisme, fièvre jaune, zika, chikungunya, etc.) transmises à l’homme à la suite de piqûres par un moustique, sont responsables de plus de 17 % des maladies infectieuses et provoquent plus d’un million de décès chaque année dans le monde. Répondant à sa saisine par Ségolène Royal en octobre 2015, le Haut conseil des biotechnologies (HCB) a rendu, le 7 juin, un avis « concernant l’utilisation de moustiques génétiquement modifiés dans le cadre de la lutte antivectorielle ». Si, aujourd’hui, l’éradication des larves et des adultes repose principalement sur les insecticides, les scientifiques observent le développement d’une résistance aux molécules chimiques chez les moustiques. C’est alors qu’intervient l’idée des moustiques génétiquement modifiés (GM) pour contrôler les populations de moustiques vecteurs. Deux solutions sont envisagées : diminuer le nombre de moustiques vecteurs en bloquant leur reproduction, ou les priver de la capacité à transmettre le pathogène responsable de la maladie chez l’homme. La société britannique Oxitec a ainsi conduit des expériences en Malaisie, aux Îles Caïmans, au Panama et au Brésil avec des moustiques GM provenant de ses laboratoires. Dans ce dernier pays, elle est parvenue à faire diminuer la population de moustiques Aedes, porteurs de la dengue, du chikungunya, de la fièvre jaune et du zika, de 80 à 95 % en deux saisons.
Chistine Noiville du HCB résume ainsi les conclusions de l’avis : « bâtir une stratégie de lutte anti-vectorielle sur les seuls moustiques génétiquement modifiés serait inapproprié. Mais s’interdire de les utiliser n’est pas souhaitable non plus ». Une façon de ne pas enrayer la recherche sur les moustiques GM, tout en encourageant le développement de solutions alternatives, telle que la stérilisation des moustiques par irradiation.
Dans le futur, « l’utilisation de moustiques modifiés nécessitera une évaluation extrêmement approfondie et une information du public », affirme Chrisitine Noiville. Ainsi, des études sur les impacts environnementaux et sanitaires des moustiques GM devront être conduites préalablement à tout lâcher et la société civile devra être associée au processus de décision et de suivi.