Des mélèzes racontent l’histoire du Queyras

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Les cernes de croissance permettent de dater les avalanches.

Connaître son passé pour mieux envisager l’avenir: en matière d’avalanches, les scientifiques de l’Irstea ont trouvé de précieux auxiliaires dans des mélèzes multicentenaires du massif alpin du Queyras, dont les troncs portent la trace des tumultes anciens. « On étudie la réaction de l’arbre à l’aléa, en l’occurrence à l’avalanche, enfin quand elle n’a pas entraîné un dépeuplement forestier », explique Jérôme Lopez-Saez, spécialiste en dendrochronologie à l’unité « Écosystèmes Montagnards » de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea). Cette discipline « analyse les cernes de croissance de l’arbre, prélevées par carottage dans les troncs, et mon job est de dater les cassures pour retracer les événements » qui les ont occasionnées, ajoute le jeune chercheur. Si une avalanche étête un arbre, sa croissance va en être affectée et les cernes vont le « raconter ».

De même, en cas de blessure sur le tronc à cause d’un choc (bloc de glace, pierre, etc.), la guérison de l’arbre va entrainer un « bourrelet cicatriciel », avec parfois une ligne de résine pour éviter l’entrée de parasites et d’eau. Enfin, si l’arbre a été penché sous l’effet d’une pression très importante, il va développer un « bois de réaction, plus sombre et plus dense », énumère M. Lopez-Saez. L’arbre ayant une espérance de vie longue, « dans certains couloirs d’avalanche, on peut trouver des mélèzes sénescents dont les plus anciens ont 700 ans », s’enthousiasme le bio-géomorphologue de formation. Ils ont été conservés par des techniques de pastoralisme qui les considéraient comme des abris bienvenus pour les bêtes, comme dans le couloir de l’Echalp dans le Queyras (Hautes-Alpes), sur la route du Mont Viso. Des écrits gardaient le souvenir dans la région de quatre avalanches majeures dont la plus ancienne date de 1487 et la plus récente de 1946. Mais les 163 arbres échantillonnés – d’un âge moyen de 402 ans – ont permis de reconstituer 37 événements.