Nurse… CGFS… L’IFREMER en campagnes

Photo ©Ifremer/Morgane Travers-Trolet

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Après l’expédition Nurse 16 dans le golfe de Gascogne, l’Institut explore jusqu’au 15 octobre les stocks halieutiques en Manche orientale.

Comme chaque année depuis 1988, la campagne CGFS 2016 (Channel GroundFish Survey) se déroule jusqu’au 15 octobre à bord du navire Thalassa, en présence de 14 scientifiques de l’Ifremer, au départ de Boulogne-sur-Mer. Toujours réalisée dans la même partie de la Manche (une zone allant de Cherbourg à Dunkerque), à la même saison et avec un engin de pêche standardisé pour que les données récoltées soient comparables d’année en année, cette série de campagnes permet d’évaluer l’évolution de la biodiversité. Elle répond à la demande européenne de collecte de données nécessaires à l’évaluation de l’abondance des stocks de poissons. « La mission première des campagnes CGFS est d’échantillonner, à l’aide d’un chalut de fond, les communautés de poissons de Manche Orientale. A partir des spécimens prélevés, nous obtenons un ensemble de données (abondance, taille, âge, distribution…) essentielles pour estimer l’état des stocks », explique Morgane Travers-Trolet, chercheure en écologie marine au Centre Ifremer Manche-Mer-du-Nord à Boulogne-sur-Mer et cheffe de la mission CGFS 2016.

En 2015, 44 043 poissons ont été mesurés et 1 283 otolithes prélevés.

« Nous fournissons des données très précises par tranche d’âge pour la plie et le rouget barbet. Pour déterminer l’âge d’un spécimen, nous prélevons son otolithe, une petite pièce calcifiée située dans l’oreille interne des poissons sur laquelle apparaissent des stries de croissance. Ces informations sont indispensables pour estimer la démographie des stocks et en déduire les biomasses de poissons en âge de se reproduire. Nous récoltons également des indices plus globaux sur le bar, la seiche, les encornets et les sélaciens (raies, requins). » Lors de chaque campagne, 74 traits de chalut de 30 minutes sont réalisés. Les données récoltées lors des campagnes CGFS sont utilisées pour la définition des mesures annuelles de gestion des ressources halieutiques décidées dans le cadre de la Politique Commune des Pêches.

Un peu plus tôt et un peu plus au sud, la campagne côtière NURSE16 s’est déroulée du 13 au 26 août à bord du Thalia. Elle était consacrée à l’étude de trois nourriceries de poissons plats du golfe de Gascogne : l’embouchure de la Gironde, de la Loire et la baie de Bourgneuf. « Cette année, nos efforts d’échantillonnage étaient particulièrement dirigés vers l’embouchure de la Loire, zone dont nous connaissions très mal les interactions trophiques », précise Anik Brind’Amour, chercheure à l’Unité Ecologie et Modèles pour l’Halieutique et cheffe de la mission NURSE16.

Riches en nutriments et abritées des grands prédateurs, les zones côtières et les estuaires forment des écosystèmes essentiels à la croissance des poissons juvéniles. De nombreuses espèces passent leurs premières années dans ces nourriceries côtières, qui offrent un environnement protecteur idéal, avant de gagner le large quand leur taille le permet.

Soles, plies, rougets, merlans, seiches, tacauds… Les spécimens capturés par les scientifiques de l’Ifremer sont identifiés, mesurés et pesés. Les données obtenues (espèces présentes, abondance, taille…) dans chacun des sites sont autant d’éléments qui contribueront à la compréhension du fonctionnement des écosystèmes côtiers.

Ces habitats déterminants dans la phase de développement des jeunes poissons sont particulièrement exposés aux activités humaines (pollution, pêche…) et sensibles aux changements climatiques. La dégradation des nourriceries côtières modifie le comportement des poissons et met en danger de nombreuses espèces marines.

La qualité des habitats côtiers conditionne la taille des stocks.

Chaque année, les recrues, jeunes poissons atteignant une taille suffisante pour être exploitable par la pêche, rejoignent le stock. En bon état écologique, les nourriceries côtières contribuent fortement au renouvellement des stocks halieutiques. Les campagnes NURSE peuvent fournir des données importantes pour comprendre les variations du recrutement d’une année sur l’autre.