Alors qu’un outil de visualisation géographique des ventes de pesticides vient d’être mis en ligne par l’Office français de la biodiversité (OFB), plusieurs ONG attaquent en justice l’autorisation accordée à trois produits particulièrement toxiques (SDHI)
Les associations Générations futures, Nous voulons des coquelicots et France Nature Environnement (FNE) demandent l’abrogation de l’autorisation de mise sur le marché de trois pesticides à base de SDHI (« inhibiteurs de la succinate déshydrogénase ») : le Keynote et l’Aviator Xpro, produits par Bayer et le Librax, produit par BASF. Ces produits, qui s’attaquent à la fonction respiratoire des champignons pathogènes, s’attaquent également à celle des vers de terre, des abeilles et de l’homme. Dans un « recours gracieux adressé à l’Agence nationale se sécurité sanitaire (ANSES), les associations demandent à cette instance d’abroger les autorisations de mise sur le marché (AMM) de ces trois pesticides contenant des SDHI. Cette démarche est la première étape d’une procédure qui les conduira, en cas de réponse défavorable ou en l’absence de réponse, à saisir le Tribunal administratif de Lyon (où se trouvent les sièges français des entreprises concernées). [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Dans des affaires similaires, le tribunal administratif de Nice suite à une procédure initiée par Générations Futures, en novembre 2019, a annulé l’autorisation de mise sur le marché de produits dits « tueurs d’abeilles » à base de Sulfoxaflor. Le Président de cette juridiction avait dans un premier temps, en novembre 2017, suspendu la mise sur le marché desdits produits. Cette décision a été confirmée par le Conseil d’Etat. « Alors que des scientifiques ont tiré la sonnette d’alarme en avril 2018, notre association a démontré l’omniprésence de ces molécules dans notre environnement et a écrit aux ministères concernés pour les inviter à prendre des dispositions dont des mesures de retrait des autorisations au niveau national et européen. Ces lettres sont restées sans réponse à ce jour. La seule réponse des pouvoirs publics à l’alerte des scientifiques fut une audition des chercheurs à l’ANSES sans prise en compte réelle du danger. De nouveau, des scientifiques s’inquiètent des effets de ces pesticides sur notre environnement et notre santé. Il faut que cette situation d’exposition des populations cesse au plus vite. » déclare François Veillerette, directeur de Générations Futures. « Cette situation n’est pas acceptable pour nos organisations et visiblement il faudra encore une fois en passer par la justice pour espérer obtenir gain de cause. Au-delà de ce sujet des SDHI, c’est toute la politique d’évaluation et d’homologation des pesticides qu’il faut remettre à plat : il faut en effet que les évaluateurs prennent en compte l’ensemble de la littérature scientifique disponible. Plus largement, il faut sortir notre agriculture de sa dépendance aux pesticides : c’est le sens de l’Appel des Coquelicots et de l’Initiative Citoyenne Européenne lancée par plus de 90 organisations européennes et qui demande la fin des pesticides de synthèse au sein de l’UE dans les 15 ans qui viennent » conclut-il.
De son côté, l’Office français de la biodiversité (OFB) vient de mettre en ligne un portail nommé Dataviz pour assurer davantage de transparence concernant l’évolution de l’utilisation des produits phytosanitaires. Ces données sont issues de la Banque Nationale des Ventes des distributeurs, créée en 2009. Elle est alimentée par les déclarations des bilans annuels de ventes de produits phytopharmaceutiques transmis par les distributeurs agréés aux agences et offices de l’eau. A jour des dernières données disponibles (2018) et couvrant la période 2008/2018, l’outil sera remis à jour à fréquence annuelle, chaque 2ème semestre d’année, après diffusion des nouvelles données déclarées par les distributeurs de pesticides pour la mise en œuvre par les agences de l’eau de la redevance « pollutions diffuses ».
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