Biodiversité : le Parlement européen veut des objectifs contraignants (3 mn)

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Le Parlement européen a appelé jeudi l’UE à se doter d’objectifs contraignants en matière de biodiversité, afin de promouvoir une telle approche au niveau mondial lors de la prochaine conférence mondiale sur la biodiversité (COP15).

Dans une résolution adoptée à main levée, les eurodéputés invitent la Commission européenne, en charge de proposer la législation, à « adopter une nouvelle approche face à la crise mondiale de la biodiversitéen abandonnant les engagements volontairesen faveur d’objectifs juridiquement contraignants pour l’Union et ses Etats membres. Cette stratégie devra intégrer des objectifs spécifiques pour la conservation et la protection des espaces naturels et la restauration des écosystèmes dégradés d’ici 2030 », à la fois au niveau européen et au niveau mondial. La résolution plaide pour un objectif de « 30% de zones protégées pour 2030 et de restauration de 30% d’écosystèmes dégradés ». [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]

Elle demande également d’allouer au minimum 10% du prochain budget pluriannuel de l’UE à des efforts visant à améliorer la biodiversité. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est engagée, dans le cadre de son « Pacte vert » pour l’Europe, à élaborer au cours des 100 premiers jours de son mandat, une stratégie pour la biodiversité à l’horizon 2030. Selon le Parlement, l’UE doit « jouer un rôle moteur » au sein de la Convention pour la biodiversité biologique (CBD) lors de la 15e réunion de la Convention de l’ONU sur la diversité biologique (COP15), qui se tiendra à Kunming en Chine, en octobre. Il faut « évoluer vers des pratiques agricoles, forestières et piscicoles durables grâce à un meilleur soutien des professionnels, et évaluer de façon approfondie le rôle des villes et mieux les inclure dans la définition et la mise en œuvre des politiques de protection de la biodiversité »,a expliqué la Française Agnès Evren, rapporteure pour le PPE (droite). La résolution rappelle les conclusions des experts biodiversité de l’ONU (IPBES). Dans un vaste rapport publié en mai, ils soulignaient le rôle de l’agriculture, la déforestation, la pêche, la chasse, le changement climatique, les pollutions et les espèces invasives, dans la dégradation accélérée de la nature.

« Se battre pour la planète et pour les générations futures ne peut pas juste être un slogan!,déclare l’eurodéputé français Eric Andrieu. Mesdames et messieurs de la Commission européenne, proposer aux citoyens un green deal, c’est bien… Mais nous ne pouvons pas nous limiter qu’à un constat, qu’à une analyse, qu’à des suggestions ou des propositions globales, qui ne sont que des mots qui sonnent creux… La proposition que vous avez faite est bien trop faible, trop vague et dans tous les cas, n’est pas à la hauteur de l’enjeu…Dans le texte, aucune réponse concrète à la préservation de la biodiversité…. Pas non plus la moindre législation contraignante pour le respect de la planète comme si toutes les grandes entreprises européennes et les gouvernements allaient subitement faire le maximum pour l’environnement, eux qui, si souvent, ont passé leur temps à s’en servir sans s’en préoccuper … Pas de prise en compte des écosystèmes déjà dégradés; pas de méthodologie, pas de stratégie claire et encore moins d’agenda et de moyens financiers clairement identifiés afin de mettre en place les outils pour préserver la planète. Le flou est tout aussi inquiétant autour de la question de l’agriculture durable alors qu’il est évident qu’il faut lier la question agricole au défi de l’environnement. Il ne peut y avoir de green deal, de pacte pour l’environnement, sans une profonde réforme de la Politique agricole commune, à 1000 lieues de celle qui est aujourd’hui sur la table des négociations. Enfin, il est inconcevable de faire de l’écologie sans traiter profondément la question sociale. Faire de l’écologie sans social, c’est nier les bouleversements que ce changement de modèle économique va impliquer, c’est aussi nier les 100 millions d’européens qui vivent dans la précarité énergétique ».

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