Deux ans après le tir mortel qui avait fauché un Britannique à vélo en Haute-Savoie, le chasseur mis en cause a été condamné mardi 1er décembre à quatre ans d’emprisonnement, dont un an ferme, selon l’avocat de la victime.
Le 13 octobre 2018, un restaurateur de 34 ans, originaire du Pays de Galles, installé depuis quatre ans dans la région, faisait du VTT à la lisière d’un bois quand il a été mortellement atteint par le tir accidentel d’un chasseur qui participait à une battue sur la commune de Montriond. Le tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains a condamné le chasseur à quatre ans d’emprisonnement dont un an ferme. Le tribunal a assorti cette peine d’une interdiction de porter une arme pendant cinq ans et a annulé le permis de chasse du prévenu qui ne pourra plus chasser pendant dix ans
Le tireur, âgé de 24 ans aujourd’hui, poursuivi pour homicide involontaire par violation délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence, encourait cinq ans d’emprisonnement ferme et le ministère public en avait requis deux. Cet artisan élagueur sans casier judiciaire avait reconnu sa culpabilité juste après les faits et a exprimé des remords. Il comparaissait avec trois autres chasseurs et la compagne de l’un d’eux, soupçonnés notamment d’avoir tenté de dissimuler les faits en modifiant le carnet de battue et en installant, a posteriori, des panneaux indiquant la partie de chasse.
Des peines de 6 à 18 mois avec sursis ont été prononcées à leur encontre, assorties pour deux d’entre eux d’une période probatoire de trois ans avec interdiction de chasser et de porter une arme. Me Frédéric Noetinger-Berlioz, avocat de la compagne et du père de la victime, tous deux parties civiles, a qualifié ce jugement de « relativement équilibré« , estimant « pas anormal qu’un chasseur qui ôte la vie définitivement à une personne, se voie infliger une peine privative de liberté« .
« La chasse était partout en filigrane dans ce dossier mais ce sont des chasseurs délinquants qui étaient jugés et non la chasse dont aucune règle de sécurité n’a été respectée« , a déclaré le conseil à l’AFP. La victime, Mark Sutton, était le propriétaire de deux établissements, l’un proposant un service de chefs à domicile à Morzine, l’autre spécialisé dans la cuisine santé aux Gets, communes proches des lieux du drame. Le jour des faits, il portait des vêtements aux couleurs vives qui le rendait « parfaitement identifiable » et la zone – un chemin fréquenté, pentu et difficile d’accès, à 1.350 mètres d’altitude – était découverte, offrant une visibilité parfaite, selon les conclusions de l’enquête. L’auteur du tir avait dit avoir visé un sanglier d’un tir non fichant, c’est-à-dire ne visant pas le sol comme il se doit.