Le déclin des populations d’abeilles représente une « menace sérieuse » pour les plantes, a averti l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), en demandant aux pays « de faire davantage » pour « protéger ces alliés indispensables dans la lutte contre la faim et la malnutrition« . Pendant ce temps, la France annonçait une dérogation à l’interdiction de 3 insecticides néonicotinoïdes.
En France, un arrêté publié le 15 mai autorise désormais l’utilisation dérogatoire de trois insecticides néonicotinoïdes à base d’acétamipride, jusqu’au 1er juillet 2020, pour lutter contre le balanin de la noisette, les mouches du figuier et les pucerons du navet en dehors de la période de floraison. Ces insecticides, suspectés d’être l’une des causes de la disparition des colonies d’abeilles, sont en principe interdits depuis le 1er septembre 2018. Mais les dérogations accordées représentent « moins de 0,4 % des quantités de néonicotinoïdes utilisées en France jusqu’en 2017« , précise le ministère de l’Agriculture. Le 14 mai, la médiatrice européenne, Emily O’Reilly, avait dit avoir constaté lors d’une enquête que la Commission européenne avait refusé de donner accès à des documents publics révélant la position des Etats membres sur l’usage de pesticides et les abeilles. « Les citoyens européens ont le droit de connaître la position prise par leur propre gouvernement, tout comme celle prise en tant qu’Etat membre. La biodiversité est un sujet particulièrement important« , a-t-elle fait valoir. Dans une recommandation du 10 mai, elle estime que « la Commission devrait accorder au public l’accès aux documents demandés« . « Les documents que nous demandons pourraient expliquer pourquoi l’adoption de nouvelles méthodes d’évaluation des pesticides est bloquée depuis six ans par les États membres et la Commission européenne, dans l’opacité la plus totale« , a commenté l’ONG française Pollinis dans un communiqué. L’association a fustigé « un intense lobbying » des fabricants de pesticides qui demandent le maintien du système actuel d’évaluation des risques qui, selon elle, ne permet pas de tester la toxicité réelle des pesticides de dernière génération.
Ces annonces n’ont pas manqué de faire réagir les défenseurs de l’environnement, d’autant que cinq jours plus tard, le 20 mai, était célébrée la Journée mondiale des abeilles. A cette occasion, M. José Graziano da Silva, directeur général de l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), a déclaré dans un communiqué que « les abeilles sont grandement menacées par les effets combinés du changement climatique, de l’agriculture intensive, de l’usage de pesticides, de la perte en biodiversité et de la pollution« . Selon lui « l’absence d‘abeilles et d‘autres pollinisateurs » qui participent, avec la pollinisation, à la fécondation et donc à la reproduction des plantes, « reviendrait à anéantir les cultures de café, pommes, amandes, tomates ou cacao » notamment. Si la tendance au déclin des insectes pollinisateurs comme les abeilles se poursuivait, « les fruits, les noix et autres légumes » pourraient se voir remplacer « par des cultures vivrières comme le riz, le maïs et les pommes de terre » qui sont moins liées à la pollinisation, « favorisant ainsi les régimes alimentaires déséquilibrés« , souligne la FAO. M. Graziano da Silva a appelé les pays membres à « s’orienter vers des politiques alimentaires et des systèmes durables en faveur des pollinisateurs« . « Le fait même de faire pousser des fleurs chez soi contribue à cet effort en donnant à manger aux abeilles« , a-t-il expliqué. La journée mondiale des abeilles, célébrée pour la deuxième fois, a été créée à l’initiative de la Slovénie, petit pays européen où l’apiculture est une activité agricole importante, et de la Fédération internationale de l’association des apiculteurs, dans une résolution de l’assemblée générale de l’Onu en 2017. La date a été choisie en raison de la date de naissance de Anton Jansa, pionnier de l’apiculture moderne, né le 20 mai 1734 au sein d’une famille d’apiculteurs en Slovénie, et auteur en 1771 d’un livre, Discussion sur l’apiculture, en allemand.