En dépit de réserves sur les modalités du « Grand débat national », 14 ONG ont décidé d’apporter leur contribution. Elles organisent une rencontre intitulée « Et si on parlait biodiversité », lundi 11 mars à Paris.
Parmi les 14 associations regroupées pour organiser cette manifestation, certaines ne cachent pas leur extrême défiance à propos du « Grand débat national » organisé par le gouvernement à la suite du mouvement des Gilets jaunes. « Pas d’instances indépendantes pour assurer une organisation neutre, des fiches cadres biaisées et partielles, pas d’engagement clair sur la façon dont les résultats seront traités… les raisons pour se défier du « Grand Débat National » sont nombreuses. Nouvel exercice de démocratie ou pantomime pour apaiser les esprits, le doute est permis », écrit notamment France Nature Environnement (FNE) dans un communiqué. De son côté, Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et président du Conseil d’orientation stratégique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) écrit dans un éditorial : « Dans sa lettre aux Français, invitant au grand débat national, le président de la République s’est attardé sur la biodiversité. Heureuse idée ! Sauf que la manière dont il appréhende le sujet laisse songeur… « La question de la biodiversité se pose aussi à nous. Comment faire pour garantir scientifiquement les choix que nous devons faire à cet égard ? » nous dit-il.
La FRB, les établissements publics de recherche qui l’ont fondée (Muséum, CNRS, Inra, Ifremer, IRD, etc.) ne sont-ils pas suffisamment crédibles pour qu’une telle question se pose ? J’ajoute qu’avec tout le respect que l’on porte à la science, elle ne garantit pas la conscience. En clair, au-delà du savoir, il reste à intégrer l’éthique, le respect du vivant, etc. Le président enchaîne avec « comment faire partager ces choix à l’échelon européen et international pour que nos agriculteurs et nos industriels ne soient pas pénalisés par rapport à leurs concurrents étrangers ? ». La biodiversité apparaît ainsi comme une contrainte supplémentaire alourdissant les charges de certains secteurs ; une vision dont il faut aujourd’hui se détacher. Les multiples services que l’Homme, les agriculteurs, les entreprises retirent des écosystèmes, notamment la pollinisation ou encore le devoir d’endiguer le déclin du vivant, ne sont absolument pas pris en compte »
Malgré ces réserves, les ONG ont fait le choix d’apporter leur contribution au grand débat. Elles organisent dans ce but une rencontre publique à Paris le lundi 11 mars. Cette rencontre ouverte à tous sera animée par Patricia Martin (France Inter) et Jean-Jacques Fresko (rédacteur en chef d’Actualité, Nature & Société). Elle permettra de recueillir et de transmettre les attentes des participants quant à la prise en compte de la biodiversité dans les mesures que le gouvernement annoncera à la suite du Grand débat. « Ce qui ne fait aucun doute, c’est que la transition écologique est une nécessité absolue, une question de survie. Et si elle n’est pas portée dans ce débat, il y a des vrais risques de régressions. On l’a vu avec la suspension de la taxe carbone, dont l’accompagnement en terme de justice sociale a été négligé par le gouvernement alors qu’elle est utile pour faire évoluer les comportements, non seulement des citoyens mais aussi de tous les acteurs (du logement, des transports, de l’énergie, etc) qui doivent contribuer à construire un avenir plus sobre, plus économe et plus sain pour toutes et tous. Alors sans être dupes, nous continuerons à porter inlassablement notre message, au sein du ‘Grand débat’, mais aussi partout ailleurs, sur les ronds-points et à tous les échelons », explique le président de FNE, Michel Dubromel.