Les médiateurs nommés par le gouvernement pour sortir de l’impasse le projet contesté d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) n’ont « pas d’intime conviction », a assuré l’un d’eux mardi à Nantes, réaffirmant que la décision finale serait « politique ».
« Je n’ai pas d’intime conviction, pas plus aujourd’hui que j’en aurai demain », a déclaré Gérard Feldzer à la presse, à l’issue d’une réunion à la préfecture de Loire-Atlantique avec une centaine de participants, partisans et opposants au nouvel aéroport nantais, auditionnés depuis le 1er juin dans le cadre de la médiation voulue par le gouvernement pour débloquer ce dossier enlisé depuis des années. Cette médiation « n’est pas un rapport de plus, on fait appel à des expertises extérieures et indépendantes, sur le bruit, sur les trajectoires, sur qui paye quoi, sur le réaménagement des pistes à Nantes-Atlantique (l’aéroport existant, ndlr), sur l’agriculture, sur la biodiversité. On a tout listé et il n’y a pas une chose qui nous aurait échappée », a poursuivi cet ancien pilote de ligne proche du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot. Mais « sur la centaine de questions qu’on s’est posées, ce n’est pas déterminant pour faire le choix, le choix, il sera politique. On ne va pas l’orienter du tout, vraiment pas », a martelé M. Feldzer, répondant à certaines critiques formulées par les deux camps. Le syndicat mixte aéroportuaire (SMA) du Grand Ouest, qui regroupe les collectivités participant au financement de la nouvelle infrastructure, aimmédiatement dénoncé, dans un communiqué, « une présentation orientée et partielle de la part des médiateurs qui ont surtout focalisé leurs analyses sur le réaménagement de Nantes Atlantique. Les collectivités, qui avaient dénoncé la partialité de cette médiation, voient aujourd’hui leurs craintes renforcées, avec une médiation d’apaisement qui tourne vers une médiation de contournement ». déplore le SMA.
Les opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ont également retenu de cette réunion de plus de deux heures que les médiateurs avaient « insisté sur le fait qu’il fallait rééquilibrer l’option Nantes-Atlantique et c’est quelque chose qu’on demande depuis très très longtemps, selon Thomas Dubreuil, l’avocat de deux associations anti-aéroport. Pour l’instant, la méthode paraît assez vertueuse, mais il y a quand même des points de crispations. On jugera sur pièces, (…) on essaye d’avoir confiance », a-t-il souligné.
Vieux de cinquante ans, relancé au début des années 2000, le dossier de Notre-Dame-des-Landes est « clairement une prise de tête, parce que les positions sont tranchées, sont violentes, de part et d’autre », a confié Gérard Feldzer. Il doit remettre, avec les deux autres médiateurs, Michel Badré, ingénieur membre du Conseil économique, social et environnemental, et Anne Boquet, préfète, un rapport au gouvernement le 1er décembre. Le Premier ministre Edouard Philippe a promis de prendre une décision avant Noël. Depuis l’installation de la mission de médiation le 1er juin et jusqu’à ce « point d’étape », « à peu près 200 personnes » ont été reçues par les médiateurs, selon M. Feldzer. Une liste complète des auditions menées et des travaux en cours a été mise en ligne mardi soir sur internet. Déclaré d’utilité publique en 2008, le nouvel aéroport nantais aurait dû être inauguré en 2017.