Lors d’une audition publique au Parlement européen, des eurodéputés ont réclamé l’ouverture d’une commission d’enquête sur les relations entre Monsanto, la communauté scientifique et les agences d’évaluation.
La dangerosité du glyphosate, l’un des composants du Roundup de Monsanto, fait l’objet d’une controverse : alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), par le biais de son Centre international de recherche sur le cancer, a classé la substance comme « cancérogène probable », les agences européennes de la sécurité des aliments (Efsa) et des produits chimiques (Echa) ne partagent pas cet avis. Lors d’une audition publique organisée le 11 Octobre sur la façon dont les risques inhérents au glyphosate sont évalués par les experts scientifiques, certains députés des commissions de l’agriculture et de l’environnement du Parlement européen ont réclamé la création d’une commission d’enquête pour débattre de la responsabilité de ces agences de contrôle, mais aussi des relations entre Monsanto avec la communauté scientifique. En effet, sur la base de courriels et de documents internes rendus publics – les « Monsanto Papers » -, le géant américain de l’agrochimie est soupçonné d’avoir influencé l’évaluation scientifique du glyphosate. La firme, qui s’est illustrée par son absence lors de l’audition publique, aurait fait pression sur des fonctionnaires pour faire annuler certaines études et aurait rémunéré certains de ses employés pour en publier d’autres.
Lors de l’audition, l’Efsa et l’Echa se sont défendues de sous-estimer les risques du glyphosate, et ont affirmé appliquer la législation européenne dans leurs évaluations. Le rapport d’expertise préliminaire du glyphosate réalisé par l’Efsa contient des « études de sécurité obligatoires, financées par l’entreprise, ainsi que des publications évaluées par des pairs en coopération avec les Etats membres de l’UE », a affirmé José Tarazona, chef de l’unité « Pesticides » de l’agence. « Plus de 70 experts issus d’organismes publics », choisis parmi les 28 Etats membres de L’UE, ont « vérifié les données brutes et confirmé » la justesse de l’évaluation, a-t-il aussi rappelé. Selon lui, il était « normal » que certaines parties du dossier constitué par Monsanto en préliminaire à l’évaluation figurent dans le rapport et ne remettaient aucunement en cause le respect de la procédure de l’Union Européenne.
L’autorisation de commercialisation du glyphosate dans l’UE expire à la fin de l’année. Le vote sur son renouvellement pour 10 ans aura lieu le 25 Octobre prochain.