Le groupe Casino est assigné devant le tribunal judiciaire de Saint-Etienne en raison de ventes en Amérique du Sud de produits à base de viande liée à la déforestation et à l’accaparement des terres des peuples autochtones.
Le 3 mars 2021, des représentants des peuples autochtones d’Amazonie brésilienne et colombienne ainsi que des organisations non gouvernementales (ONG) comme Seattle Avocats ou Notre Affaire à tous ont assigné en justice le groupe Casino devant le tribunal judiciaire de Saint-Etienne, a indiqué France Nature Environnement (FNE) dans un communiqué. La chaîne de supermarché est accusée d’avoir pris part à la déforestation de la forêt amazonienne et d’avoir violé les droits humains des peuples indigènes. «L’assignation conclut à des atteintes systémiques à l’environnement et aux droits humains qui ont eu lieu, tout au long de la chaîne d’approvisionnement du groupe Casino au Brésil et en Colombie, sur une période significative », explique FNE. Des preuves rassemblées par le Centre d’Analyse de la Criminalité Climatique révèlent que le groupe Casino aurait acheté à plusieurs reprises de la viande bovine à trois abattoirs qui s’approvisionnent en bétail auprès de 592 fournisseurs responsables d’au moins 50 000 hectares de déforestation entre 2008 et 2020. Les preuves en question démontrent également des atteintes aux droits humains des peuples autochtones. En effet, il a été relevé que les terres ancestrales détenues et gérées par la communauté Eru Eu Wau Wau dans l’État de Rondônia au Brésil ont été envahies pour permettre l’exploitation des élevages de bétail à une filiale brésilienne de Casino
De nombreux rapports lient le groupe Casino à la déforestation et l’accaparement des terres des peuples autochtones. Un récent rapport de l’ONG Greepeace rapporte l’implication du groupe Casino dans la déforestation cette fois-ci de la zone humide du Pantanal en Amérique du Sud. Le document dénonce les activités du plus grand transformateur de viande au monde JBS et de ses concurrents Marfrig et Minerva. Les multinationales de l’agroalimentaire ont abattu des bovins achetés à des éleveurs qui sont impliqué dans des incendies qui ont eu lieu au Pantanal en 2020. JBS, Marfrig et Minerva fournissent ensuite ce bœuf à des géants comme Macdonald, Burger King, Nestlé, mais également les groupes français Carrefour et Casino.
Une autre société, cette fois-ci d’huile de palme est mise en porte-à-faux dans une récente enquête. Une investigation menée par la High Carbon Stock Approche (HCSA) évalue le respect par les entreprises d’huile de palme de leurs engagements de « non-déforestation ». Le rapport note que la société Golden Veroleum, basée au Libéria a rasé au bulldozer des forêts tropicales et ignoré les droits des communautés. Golden Veroleum avait signé un accord avec le gouvernement libérien en 2010 pour développer une concession de 220 000 hectares à l’ouest du Libéria. Le projet a été largement critiqué par les défenseurs de l’environnement et les représentants des communautés pour avoir ignoré les droits fonciers et détruit les écosystèmes. L’HSCA a rajouté à « titre indicatifs » que Golden Veroleum avait défriché plus de 1 000 hectares de forêts à haute teneur en carbone (HTC) et qu’il était probable que d’autres forêts à haute valeur de conservation (HVC) aient été détruites. Ces deux classifications rentrent dans le cadre de la certification FSC (Forest Stewardship Council) qui est censée garantir une gestion durable des forêts.