🔻 Vers des élevages de saumons en enclos fermés

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Dans le Maine, une des plus grandes migrations de saumons sauvages de l’Atlantique en Amérique du Nord a été détruite par la pollution des usines de papier, de textile et de sciage et par la construction de centaines de barrages. Pour remplacer cette perte, un enclos d’élevage de saumon a été ouvert, soulevant de nouvelles interrogations raconte le Guardian.

Des industries misent sur les élevages de saumon à l’intérieur des terres plutôt qu’en mer pour résoudre certains de leurs problèmes en fournissant des emplois et mettant fin aux poissons échappés qui polluent les stocks sauvages restants. Dans le Maine, la pisciculture faisant partie de la société Whole Oceans a été bien accueillie par le public explique The Guardian. L’opinion de la population locale est que ce sera toujours moins polluant que la papeterie installée à Burksport jusqu’en 2014. Entre-temps, Nordic Aquafarms, une société scandinave qui possède deux fermes au Danemark, une en Norvège et qui prévoit d’en ouvrir une autre en Californie du Nord, a choisi Belfast dans l’État du Maine pour son site. Un projet plus ambitieux que celui prévu pour Bucksport, la société espère créer la deuxième plus grande ferme de ce type au monde.

L’élevage terrestre utilisant un système d’aquaculture en recirculation (RAS) élève les poissons sans autre exposition à l’océan qu’une eau à débit rapide et à température contrôlée qui est pompée dans et hors des bassins de poissons 24 heures sur 24. Il existe également des bassins d’eau douce pour les jeunes poissons. Dans le cas du projet de Belfast, ceux-ci seraient logés dans plusieurs bâtiments de deux étages entourés de verdure, qui sont en cours de construction à la périphérie de la ville selon The Guardian.

Le journal briannnique raconte que de nombreux écologistes ont accueilli favorablement cette nouvelle technologie en raison des inquiétudes que suscite l’élevage traditionnel du saumon en enclos ouvert. Les deux plus gros problèmes sont les poissons qui s’échappent et les poux de mer. Les saumons d’élevage, élevés de manière sélective pour une croissance rapide, n’ont pas les capacités de survie des saumons sauvages et lorsqu’ils se croisent, ils affaiblissent le stock sauvage. Il y a maintenant beaucoup plus de saumons d’élevage que de saumons sauvages dans l’Atlantique. Les scientifiques norvégiens estiment qu’il ne reste qu’environ 1,5 million de saumons atlantiques sauvages dans le monde, dont 500 000 en Norvège. Selon l’Institut norvégien de recherche sur la nature, il y a environ 400 millions de saumons d’élevage rien qu’en Norvège. Même un petit pourcentage de ces saumons qui s’échappent représente une réelle menace.

Les aquaculteurs norvégiens qui pratiquent l’élevage en enclos ouverts ont toujours résisté à la technologie RAS. Les éleveurs d’enclos ont toujours craint que le fait de se déplacer vers la terre ferme – et dans des réservoirs intérieurs – ne les expose aux mêmes critiques que celles que les défenseurs des droits des animaux et de l’environnement adressent à l’industrie de la viande. Mais la principale objection en Norvège et dans le Maine est qu’une ferme RAS prend une industrie à faible consommation d’énergie et augmente considérablement son empreinte carbone. Une ferme à enclos ouverts utilise la force naturelle de l’océan, alors qu’une ferme RAS fait fonctionner des pompes et régule la température en permanence. Se pose aussi la question du recyclage de l’eau et des déchets bien que l’usine de Belfast prévoie de nettoyer l’eau à 99% et espère utiliser l’huile d’algue comme source de nutrition pour une récolte prévue de 32 000 tonnes.

Le Président de Nordic Aquafarms explique au Guardian que la crise climatique a fait monter la température de l’eau, affectant le taux de reproduction et de survie du saumon sauvage, mais l’élevage en enclos ouvert est également menacé par la hausse de la température de l’eau. Il pense que le réchauffement des océans finira par pousser l’élevage du saumon vers des terres où la température peut être contrôlée. Il reconnaît qu’il brûlera plus de carburant que les enclos ouverts, mais espère compenser en ne fournissant du poisson qu’aux marchés locaux et non en le faisant voyager dans le monde entier comme le font parfois les éleveurs d’enclos.

Voir reportage du Guardian