Le nouveau plan « ours » ne satisfait personne

Photo © VanHope-Fotoli

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Le gouvernement a annoncé qu’il n’y aurait pas de nouvelle réintroduction d’ours dans les Pyrénées ainsi que d’autres mesures, dont « l’effarouchement » des plantigrades, jugées « insuffisantes » par les éleveurs mais dénoncées par les ONG.

La réintroduction de deux femelles ours slovènes en 2018 et « l’augmentation sensible des dommages sur l’ensemble de la chaîne« , notamment en Ariège, « renouvellent les termes de l’équilibre » entre activités pastorales et présence de l’ours, estiment les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture dans une nouvelle feuille de route présentée jeudi dernier. Alors « dans les conditions actuellement connues de l’état de conservation de la population d’ours, l’Etat n’engagera pas de nouvelle réintroduction, sauf en cas de mortalité, notamment liée à une cause anthropique« , c’est-à-dire à une action humaine, ajoute le texte, évoquant braconnage ou accident.

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En comptant Sorita et Claverina, femelles slovènes introduites l’an dernier, 40 ours bruns ont été décomptés dans les Pyrénées françaises en 2018, un chiffre en baisse par rapport aux 46 de 2017 qui pourrait être sous-évalué. « Je connais ce problème qui est un problème de cohabitation entre les activités humaines et la nature« , a commenté le ministre de la Transition écologique François de Rugy au Sénat, soulignant la « préservation fragile » de l’ours, espèce protégée. « Nous n’aurons pas une politique d’éradication de l’ours dans les Pyrénées » mais « nous sommes au rendez-vous pour aider les éleveurs dans leur cohabitation« , a-t-il assuré. Des déclarations qui n’ont pas convaincu les éleveurs, qui ont toutefois salué le renoncement à d’autres réintroductions. « Il y a certes quelques avancées, mais les mesures annoncées sont toutefois insuffisantes« , a ainsi regretté Franck Watts, du Syndicat ovin. « Le gouvernement n’a toujours pas pris la mesure du problème et de ses obligations« . Alors que la transhumance des brebis a commencé, le plan prévoit « une meilleure information des éleveurs sur la localisation des ours et le développement des moyens de communication dans les estives« .

Dans ce cadre, un service d’alerte gratuit par sms est mis en place « dès aujourd’hui » pour être informé de la localisation des plantigrades, a précisé le préfet d’Occitanie, coordonnateur pour le pastoralisme et l’ours, après une réunion à Toulouse avec les parties prenantes. Des radio téléphones portatifs seront également financés dès 2019 pour les zones blanches à risque, dans l’attente du renforcement de la couverture par téléphone portable. D’autre part, un « dispositif d’effarouchement graduel » doit être mis en place « pour les estives qui font l’objet d’une prédation » d’ours malgré des mesures de protection des troupeaux, ont indiqué les ministères. Ces mesures en cours de consultation publique, qui prévoient un effarouchement simple (moyens sonores, lumineux, olfactifs) puis si besoin un effarouchement renforcé (tirs non létaux réalisés par des personnes qualifiées), « pourront être opérationnelles dès la campagne d’estive 2019« . « On n’est pas convaincu par les deux niveaux d’effarouchement« , a déclaré François Thibaut, de la Confédération paysanne. Mais côté défenseurs du plantigrade, la quinzaine d’associations de la Coordination Associative Pyrénées pour l’Ours (Cap Ours) ont boycotté la réunion de jeudi notamment en raison des mesures d’effarouchement. « L’Etat décide de taper sur les ours en espérant leur faire comprendre qu’il ne faut pas attaquer les troupeaux. Mais c’est illusoire« , a dénoncé Alain Reynes, directeur de Pays d’ours. « C’est la première fois en 19 ans que l’on boycotte une réunion. Le problème là, c’est que (…) des mesures ont déjà filtré et sont déjà appliquées. Et comme elles sont toutes négatives par rapport à l’ours et la cohabitation, eh bien nous n’avons plus rien à faire à l’intérieur« , a-t-il ajouté à l’extérieur de la préfecture. S’exprimant sur l’effarouchement des ours, France Nature Environnement (FNE) a indiqué que « d’une part, dans ce département, les moyens de protection des troupeaux ne sont pas encore généralisés, il est donc prématuré d’envisager d’effrayer ou de tirer, même de manière non létale, sur les ours. D’autre part, cette expérimentation est généralisée à l’ensemble de la chaîne des Pyrénées, alors qu’il s’agit normalement de répondre au cas particulier de l’Ariège. » La feuille de route, qui ne donne pas de montants, prévoit également « un accompagnement financier renforcé des éleveurs pour le déploiement des mesures de protection des troupeaux (parcs, chiens et bergers) » et une « revalorisation de l’indemnisation » de leurs pertes liées aux attaques d’ours. Sur ce point, le ministère de la Transition écologique « va instaurer un dispositif d’indemnisation harmonisé » pour l’ours, le loup et le lynx, selon le texte. Ces indemnisations doivent être conditionnées à l’existence de mesures de protection des troupeaux, mais la situation pyrénéenne « justifie une phase transitoire » de deux ans en raison du niveau d’équipement des estives.

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