Alors que Nicolas Hulot a confirmé le mois dernier le démarrage prochain du chantier du « Grand contournement ouest » de Strasbourg, l’Autorité environnementale vient de rendre un avis extrêmement critique.
Rappelant que sa mission ne consiste pas à rendre un avis « favorable » ou « défavorable » au projet, mais seulement à apprécier la qualité de l’étude d’impact, l’Autorité environnementale se livre à une analyse impitoyable du dossier qui lui a été soumis. Rappelant que, pour l’essentiel, l’étude d’impact présentée a été réalisée en 2006 et n’a été que très imparfaitement réactualisée, l’Autorité déplore que certaines mises à jour du dossier portent sur des éléments… aujourd’hui abandonné ! Elle pointe très sévèrement les manques d’information sur la réalité concrète de la séquence ERC (Eviter-Réduire-Compenser), et plus encore sur la garantie de pérennité des mesures de compensation annoncées. Elle relève en outre le « saucissonnage » du dossier entre les deux opérateurs (SANEF et Vinci), qui ne permet pas d’en apprécier les impacts globaux.
Plus radicalement, l’Autorité environnementale ne paraît pas convaincue, au vu des éléments qui lui ont été transmis, de la pertinence du projet. Elle déplore à cet égard la faiblesse des estimations de trafic pour les années à venir, et le manque de visibilité sur l’impact du projet en matière d’urbanisme et de mobilité.
Dans un autre dossier, celui de la piétonnisation des voies sur berge de Paris, le Tribunal administratif de Paris a annulé la délibération du Conseil de Paris en pointant la faiblesse des études d’impact préalables, qui n’ont pas permis une information complète du public avant que la décision ne soit validée, la décision du Tribunal relevant notamment que « dans son avis du 10 mai 2016 rendu sur l’étude d’impact, l’autorité environnementale avait d’ailleurs relevé le caractère trop partiel de l’analyse des impacts du projet… ». L’avis de l’Autorité environnementale pourrait donc bien fournir des arguments aux opposants au projet de Grand contournement de Strasbourg qui pourraient être tentés d’invoquer les mêmes arguments devant la juridiction administrative.