Emmanuel Macron a souhaité mercredi une « politique volontariste » de relance de la filière bois en France, avec un reboisement « massif » et « davantage » d’investissements, lors de la visite d’une scierie à Saulxures-sur-Moselotte (Vosges).
« Le bois est une filière que nous devons développer en France. Il y a trop peu d’emplois créés (…) Il faut donc mettre en place une politique volontariste, sur laquelle nous allons travailler avec la filière, a déclaré le président lors d’une visite à la scierie Germain-Mougenot, qui emploie 48 personnes. Cela suppose qu’on reboise massivement, qu’on investisse davantage , a-t-il ajouté. Ces investissements devront permettre de créer beaucoup d’emplois en mettant notamment l’accent sur la construction en bois , a détaillé Emmanuel Macron au cours d’un déplacement de 48 heures à Strasbourg et dans les Vosges. On construit actuellement avec du bois importé, alors que la France a une vraie grande forêt, c’est un problème, a-t-il affirmé. Selon le chef de l’État, la filière bois représente environ 450.000 emplois en France alors que l’Allemagne, qui a une forêt un peu plus petite, a plus d’un million d’emplois ». Le déclin de la filière bois est continu depuis les années 60. La France compte un peu moins de 1.500 scieries, contre 5.000 en 1980 et 15.000 en 1960. La forêt représente 16 millions d’hectares en France, soit 29% du territoire, et 37,9 millions de mètres cube de bois ont été commercialisés en 2016, selon le service statistique du ministère de l’Agriculture Agreste.
Un discours contesté par France Nature Environnement, qui dénonce la politique forestière mise en oeuvre par le gouvernement : « le ministère de la Transition écologique et solidaire a fait le choix du bois énergie exclusivement, et même si dans les discours, une place est accordée à la préservation de la biodiversité et au développement de l’usage matériau du bois, la réalité opérationnelle risque d’être toute autre, écrit l’ONG dans un communiqué. Les objectifs existants et affichés sur le bois énergie et sur les récoltes de bois sont excessifs : ils laissent en effet présager un fort impact sur la diversité des forêts, leur biodiversité et la séquestration du carbone en forêt. Ainsi, le ministère de la Transition écologique et solidaire prévoit de doubler l’objectif de récolte pour l’usage bois énergie en 2050 par rapport à aujourd’hui. Cette mesure a un impact majeur sur le puits de carbone forestier qui, de ce fait, diminue de moitié en 2030 avec une absence quasi totale de garanties sur les conditions de récolte. De nombreux scientifiques ont d’ailleurs alerté sur les dérives de cette pratique, en contradiction avec les engagements nationaux, européens et internationaux de la France en matière de biodiversité et de climat. Pour compenser le doublement de la récolte, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation lance un grand plan de plantation sans cadre défini et sans évaluation préalable des impacts économiques, sociaux et environnementaux. Il existe un fort risque pour que cela débouche sur de grandes plantations industrielles en monoculture et qui ne compenseront pas à court et moyen termes la diminution du puits de carbone forestier ».