La Plaine maraîchère de Pierrelaye-Bessancourt, polluée aux métaux lourds, fait l’objet d’un projet de restauration écologique visant à recréer une forêt de 1350 hectares.
Autrefois boisée, la Plaine de Pierrelaye-Bessancourt, qui s’étend sur 2000 hectares dans le Val-d’Oise, est devenu à la fin du XIXème siècle une zone d’épandage d’eaux usées où s’est développée une activité maraîchère. Des études sanitaires, menées à partir de la fin des années 1990 ont mis à jour une pollution des sols aux métaux lourds, qui a remis en question la pratique de l’épandage et de l’agriculture à destination de l’alimentation humaine. Malgré cette situation, la Plaine présente un potentiel environnemental avec des milieux naturels patrimoniaux et une faune et une flore diversifiées, comme le démontre l’évaluation environnementale menée par Biotope sur le territoire en 2015-2016. Cette dernière a par exemple révélé la présence de la Drave des murailles, une plante protégée qui se développe sur les rochers et les éboulis crayeux, mais aussi du Hérisson d’Europe, de l’Ecureuil Roux et d’un certain nombre de chauves-souris protégées. Par ailleurs, située à l’interface d’importants réservoirs de biodiversité (La Seine, l’Oise, les forêts de Saint-Germain-en-Laye, de Montmorency et de l’Isle Adam), la Plaine constitue un maillon essentiel dans la continuité de corridors écologiques régionaux.
En 2010, un séminaire scientifique organisé par le Préfet du Val d’Oise motive différents partenaires à transformer la Plaine en une nouvelle forêt. En 2014, le Syndicat Mixte d’Aménagement de la Plaine de Pierrelaye-Bessancourt (SMAPP) est créé pour mettre en place le projet, estimé à 85 millions d’euros. Il prévoit la plantation d’un million d’arbres, afin de redonner vie à une forêt d’environ 1350 hectares, et concerne sept communes de la Plaine (Bessancourt, Frépillon, Herblay, Méry-sur-Oise, Pierrelaye, Saint-Ouen-l’Aumône et Taverny), pour un total de plus de 100 000 habitants. En concrétisant ce projet, la SMAPP entend d’abord sécuriser la Plaine et ses habitants. Les terrains seront assainis et nettoyés, tandis que les zones concentrant le plus de polluants seront rendues inaccessibles au public et valorisées en réserves écologiques par la plantation d’épineux créant une barrière naturelle. Par ailleurs des actions de chaulage seront menées tous les dix ans, pour limiter l’acidification des sols pouvant être la cause d’un relargage des polluants et les risques de contamination des nappes phréatiques. Enfin, des sites de relocalisation seront proposés pour les populations non sédentaires actuellement installées illégalement sur la Plaine.
L’autre ambition de la SMAPP est d’affirmer le rôle environnemental de la Plaine. Le Syndicat assure ainsi que la nouvelle forêt assurera le bon fonctionnement des continuités forestières en venant compléter, à l’échelle de l’Ile de France, l’arc boisé du Nord-Ouest Parisien allant de la forêt de Chantilly à la forêt de Rambouillet. L’aménagement forestier viendra également renforcer les corridors écologiques locaux entre la Seine et l’Oise. Enfin, au cœur de la future forêt, l’alternance d’espaces boisés, de clairières et de milieux humides, l’aménagement de trois passages à faune et la création de réserves écologiques sanctuarisées permettra un maintien de la biodiversité actuelle de la Plaine mais également le développement d’une nouvelle biodiversité. Une phase de concertation autour du projet d’aménagement forestier, enclenchée le 2 janvier 2018, se terminera le 2 Avril, avec un premier bilan des interventions et contributions du public. D’après le planning actuel, les travaux de plantation pourraient démarrer en 2020 et aboutir en 2050.