Total vs Greenpeace : péripéties guyanaises (1 mn 30)

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L’association Greenpeace a prouvé que le récif de l’Amazone, découvert au Brésil, se prolongeait jusqu’en Guyane française, où le groupe Total souhaite également effectuer des forages pétroliers.

La confrontation entre Greenpeace et Total sur les projets de forages du groupe pétrolier en Amérique du Sud continue de battre son plein. Après le Brésil, où l’association environnementale a indiqué en avril dernier qu’une formation récifale se trouvait à 180 mètres de profondeur dans le bloc FZA-M-86, l’un des endroits où Total souhaitait forer, c’est aujourd’hui en Guyane française que Greenpeace a témoigné, preuves, à l’appui, de la présence du « récif de l’Amazone ». Le navire Esperanza de l’ONG, avec à son bord une équipe de scientifiques Brésiliens et Français, rattachés notamment au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), a arpenté quotidiennement, depuis le 3 mai, les eaux au large de la Guyane, dans des secteurs où Total, mais aussi BP et Petrobras, envisagent d’effectuer des forages. Le 11 mai, elle a produit des photos montrant que la bande récifale découverte en 2016 au Brésil se prolonge dans les eaux guyanaises : « Nous avons trouvé des structures récifales carbonatées dans les deux zones étudiées, et nous avons pu photographier quelques espèces de coraux et de poissons » a déclaré Gizele Duarte Garcia, enseignante à l’Université fédérale de Rio de Janeiro. Evoquant un écosystème « riche et étendu », non pas un récif corallien mais des « bioconstructions algales » uniques situées à 150 kilomètres des côtes et à une profondeur comprise entre 95 et 120 mètres, Greenpeace entend utiliser ces preuves pour demander l’interdiction d’exploitation pétrolière dans cette zone et a exhorté la France à appliquer le principe de précaution pour les protéger d’une marée noire.

Total a répondu à l’association dans un communiqué de presse en affirmant que la zone de forage serait située loin du récif, à 30 km d’un « plateau rocheux présentant des peuplements biologiques épars », tel qu’identifié lors d’une campagne océanographique menée par le groupe avec « des équipes spécialisées et des experts du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris » en octobre 2017. De son côté, la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) a affirmé que la zone récifale « n’intéresse pas du tout (…) la zone de forage de Total en Guyane. » Une enquête publique sur le projet aura bientôt lieu.