Quatre agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) venus expertiser des dommages liés à l’ours ont été pris à partie en Ariège par des individus « proférant des menaces de mort et tirant plusieurs dizaines de coups de fusil », a indiqué samedi la préfecture.
La préfète de l’Ariège Marie Lajus a fait part de son « indignation devant le comportement irresponsable des auteurs de cette agression » qui a eu lieu vendredi sur une estive de la commune pyrénéenne d’Auzat, frontalière de l’Espagne et d’Andorre. Les agents ont été pris à partie alors qu’ils progressaient dans la montagne, selon un communiqué de la préfecture de l’Ariège transmis à l’AFP. Ces faits feront l’objet d’un dépôt de plainte de l’ONCFS auprès du parquet « avec le soutien de la préfecture et donneront lieu le cas échéant aux poursuites judiciaires qui s’imposent », précise le texte. L’Office est un établissement public sous la double tutelle du ministère de l’Environnement et de l’Agriculture.
Cette agression intervient dans un climat tendu en Ariège à la suite de la mort depuis la mi-juillet dans ce département de près de 300 brebis, toutes victimes des ours, selon l’Association pour le développement durable de l’identité des Pyrénées (ADDIP), qui refuse la réintroduction du plantigrade. La principale attaque a eu lieu à la mi-juillet: 209 brebis d’un groupement pastoral à Couflens, commune située à quelques kilomètres d’Auzat, avaient « déroché », c’est-à-dire chuté d’un rocher ou d’un falaise, à la suite de l’attaque du troupeau par un ours. Samedi matin, quelques dizaines d’éleveurs anti-ours ont bloqué des accès de Saint-Girons (Ariège) et distribué des tracts à la sortie du péage de Lestelle (Ahute-Garonne) sur l’A64, au sud de Toulouse, provoquant des ralentissements. Ces actions se sont déroulées sans incident selon la gendarmerie.
Vingt ans après la réintroduction de l’ours, plantigrade pouvant peser jusqu’à 250 kilos et mesurant jusqu’à deux mètres dressés sur ses pattes arrière, sa présence dans les Pyrénées et surtout la question sensible de nouveaux lâchers sur les versants français continuent de diviser. Trente-neuf ours ont été détectés dans les Pyrénées en 2016 et les dommages qui leur sont imputés sont stables, selon une étude publiée en avril de la
préfecture de la région Occitanie. Pour l’association Férus, en faveur de la protection des ours, « hormis le cas du dérochement exceptionnel du 16/17 juillet (209 brebis), les dégâts imputables à l’ours au 16 août sont de 89 ovins, soit un chiffre habituel, la majorité des troupeaux concernés par ces dégâts n’étant pas protégés. Sur les 570.000 ovins présents dans les Pyrénées, 18.000 à 30.000 brebis meurent chaque été de chutes, de la foudre, de maladies, du manque de soin, de prédation par les chiens, les asticots etc… », a souligné samedi l’association dans un communiqué. Selon Férus, « le dérochement exceptionnel de juillet fera tout au plus passer la part de l’ours dans la mortalité globale de 1 à 2 % en 2017 ».