En Guyane, les opposants à « Montagne d’or » préparent le débat public

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Le collectif « Or de question », opposé au projet « Montagne d’or », projet industriel d’extraction de l’or en forêt guyanaise à Saint-Laurent-du-Maroni (ouest), a appelé mercredi soir à Cayenne les Guyanais à se préparer au futur « débat public » prévu pour mars 2018.

Ce projet de mine controversé fera l’objet d’un débat public organisé par la Commission nationale du débat public, selon une décision de cette autorité publiée mardi dernier au Journal officiel. Ce débat prévaut pour les projets industriels de type Seveso. La semaine dernière, quelque 350 personnes se sont rassemblées à Cayenne à l’appel du collectif qui dénonce depuis plusieurs mois le projet minier, dont le dossier d’instruction pourrait s’ouvrir à la fin de l’année. Le projet de mine est porté par un consortium russo-canadien Nord Gold/Columbus Gold et la Compagnie Minière Montagne d’Or (CMO) en est le maître d’ouvrage. « Un débat public est prévu pour mars 2018, il va durer quatre mois. Il aurait pu avoir lieu il y a des années car le projet a commencé en 2011 et la population aurait eu le temps d’être informée, a reproché Nora Stephenson, l’une des porte-parole du collectif. Ces projets dévastateurs engagent l’avenir du pays et celui de notre jeunesse. Informez-vous, documentez-vous ! », a-t-elle ajouté. Eléonore Joanes, du collectif des Premières nations, a regretté que le  « peuple autochtone n’ait pas été consulté comme le stipule le droit international » sur ce dossier qui prévoit de creuser une fosse, en pleine forêt, grande comme 32 stades de France pour y chercher le gisement. « La terre est sacrée, c’est notre source de vie, notre liberté. Ça n’a pas de prix ». Le collectif veut contrarier l’argumentaire du maître d’ouvrage, la Compagnie Montagne d’or (CMO) et des élus pro-mines selon lesquels le projet d’extraction de l’or va « développer l’économie guyanaise par la création de 750 emplois directs et 2.500 indirects », et plus de 300 M d’euros d’impôts et taxes.

Le projet minier est soutenu par le Medef, la Chambre de commerce et d’industrie, la quasi totalité des élus du littoral et le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre. Le collectif a cité le rapport publié il y a quelques jours par le Fonds mondial pour la nature (WWF) qui estime que le projet suit un « modèle économique fragile et potentiellement déficitaire ». CMO en a contesté les résultats mercredi dans le quotidien France-Guyane, tout en reconnaissant la « rentabilité plutôt basse » du projet.

Pour Harry Hodebourg, porte-parole de Or de question et délégué régional Cap 21, « ce projet est avant tout une montagne de subventions (publiques) ». Ces subventions sont estimées par le WWF à « 420 M d’euros » sur douze ans. Les opposants au projet dénoncent aussi la proximité du site minier avec deux réserves biologiques dont la plus grande de France. Ils s’inquiètent des millions de tonnes de déchets qui seront enfouis : des boues issues du processus pour détacher l’or de la roche avec du cyanure. Si les ministères de la Transition écologique et de l’Economie autorisent le projet, les travaux commenceront en 2019.