En Nouvelle-Calédonie, les requins ont quasiment disparu des récifs proches des populations humaines. Leur protection doit passer par des réserves marines de plus grande grande taille et isolées de toute présence humaine.
Plus les requins de récif s’éloignent de l’homme, mieux ils se portent : c’est le résultat d’une étude internationale conduite en Nouvelle-Calédonie par le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), l’Université de Montpellier, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l’Université de Nouvelle-Calédonie. Les scientifiques ont cherché à savoir si les requins de récifs bénéficiaient des réserves marines protégeant les écosystèmes coralliens des côtes calédoniennes et si la présence de l’homme l’impactait. « Nous avons déployé 385 stations de caméras appâtées et réalisé 2 790 plongées sous-marines pour échantillonner les communautés de requins de récifs sur l’ensemble de l’archipel de la Nouvelle-Calédonie », indique Laurent Vigliola, biologiste marin à l’IRD, l’un des chercheurs coordinateurs de l’étude. Evaluant aussi bien les récifs isolés et inhabités que ceux près de la capitale Nouméa, où la densité de population atteint les 2135 habitants au km2, les chercheurs ont corrélé ces densités avec l’abondance et la diversité des espèces de requins de récifs. Leur conclusion est sans appel : « seuls les récifs isolés de l’archipel, à plus de 25 heures de trajet de la capitale Nouméa, sont encore fréquentés significativement par les requins. » Les squales subissent donc négativement la présence de l’homme et les pressions qu’il engendre. Dans les zones à moins d’une heure de navigation de Nouméa, « l’abondance en requins chute de 97 % et leur richesse spécifique de 94 % par rapport aux récifs isolés, considérés comme sites de référence proche d’un état originel. »
L’étude invite donc à utiliser les récifs les plus isolés comme référence pour réévaluer l’efficacité des réserves marines. Mais l’éloignement n’est pas le seul facteur déterminant : la superficie rentre également en compte, et seules les grandes aires marines protégées (plus de 30 km2), anciennes et intégrales, semblent protéger efficacement les requins. La solution serait donc de « créer de vastes aires marines protégées inaccessibles à l’homme, seules susceptibles de maintenir les populations de requins de récifs à des niveaux de référence. » Et les scientifiques de rappeler que ces derniers constituent de précieux alliés de la santé des écosystèmes coralliens.