Le Parc amazonien fête ses 10 ans sous la pression maintenue de l’orpaillage illégal

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Le Parc amazonien de Guyane (PAG), plus grand parc de France et de l’Union européenne, qui fête cette année ses dix ans d’existence, est confronté aux ravages de l’orpaillage illégal.

Le président du PAG, Claude Suzanon, a appelé le préfet et les forces armées à « durcir le ton » face aux trafics aurifères, qui entraînent notamment violence, déforestation et pollution au mercure. Malgré les promesses « d’éradiquer l’orpaillage illégal », le PAG recensait 99 sites actifs au premier semestre 2017. Le Parc regrette notamment que le
nombre moyen de sites illégaux n’ait quasiment pas changé en 9 ans. A l’exception d’un cas, « aucun territoire n’a été reconquis durablement aux orpailleurs », dit-il.
En Guyane, l’extraction aurifère est en partie légale (la filière officielle emploie environ 500 personnes pour une production de 1 à 2 tonnes d’or par an). La majeure partie est orchestrée par environ 15.000 orpailleurs clandestins, qui produisent près de 10 tonnes par an, avec des conséquences néfastes pour l’environnement et de graves problèmes d’insécurité pour les populations locales.

« En dépit des efforts considérables déployés, les impacts sont catastrophiques, et les résultats de la lutte indignes des objectifs d’un parc national », écrivait déjà fin 2016 le PAG dans une note interne. Le sud et l’ouest sont particulièrement touchés. En revanche, au centre, à Saül, commune de 150 âmes, « les actions contre l’orpaillage vont bien, et ça a permis un développement touristique », assure Gilles Kleitz, directeur du PAG.

Le PAG, créé en 2007, couvre 3,4 millions d’hectares, soit l’équivalent de la surface de la Belgique et est habité par seulement 20.000 habitants. Sa création fut annoncée lors du sommet de la terre à Rio en 1992 par l’ancien président de la République François Mitterrand. Outre la protection et la promotion de la biodiversité, le parc doit encourager le développement local. Deux millions d’euros ont été versés par l’Europe auprès de 350 porteurs de projets. Atuwaiké Moloko en fait partie. Ce père de famille wayana propose des excursions scientifiques et touristiques en pirogue. « J’ai commencé d’abord seul avec ma pirogue. Après, avec l’aide du Parc, j’ai fait les papiers et il m’a donné des gilets de sauvetage, des médicaments, une trousse d’urgence, un extincteur », a raconté à l’AFP cet habitant d’Antécum Pata, lieu-dit du sud de la Guyane. Pour Gilles Kleitz, « le projet du Parc amazonien est de contribuer à ce que dans 50 ans on ait une belle forêt intacte et surtout un projet humain, culturel, identitaire ».