France Nature Environnement dénonce un « curieux tour de passe-passe » pour éviter un débat public sur ce projet « pharaonique ». L’ordonnance ratifiée le 18 juillet change la donne… pour l’avenir.
Un projet de mine d’or industrielle est en cours d’instruction en Guyane, sur la commune de St Laurent du Maroni. Au regard des enjeux économiques, sociaux et environnementaux qu’impliqueraient le choix d’inscrire la Guyane dans une exploitation aurifère industrielle et le gigantisme de ce projet minier en pleine forêt amazonienne, le projet « Montagne d’or » nécessite selon France Nature Environnement. Les montants des travaux, initialement évalués en mai 2017 à 266 millions d’euros, placent les coûts à un niveau largement supérieur au seuil minimal d’organisation d’un débat public (150 millions d’euros). Mais, devant la CNDP le 5 juillet 2017, le maître d’ouvrage annonce un montant de 80 millions d’euros. Pourtant, les dimensions de la mine à ciel ouvert donnent le vertige : 2,5 km de long, 500 m de large et 400 m de profondeur. L’immense et profonde carrière et les infrastructures de production liées détruiront, selon FNE, la forêt primaire tropicale et sa biodiversité, sans garantie aucune sur la compensation des impacts et la réhabilitation du site, et menaceront une Réserve Biologique Intégrale. 450 millions de tonnes de roches seront extraites puis broyées, pour en détacher l’or par cyanuration. L’important volume de boues issues de la cyanuration devra être stocké dans des bassins en toute sécurité, compte tenu d’antécédents catastrophiques de rupture de digues et de la forte pluviométrie locale, dans l’attente de leur hypothétique devenir.
Les besoins énergétiques sont évalués à 20 % de la consommation électrique actuelle de la Guyane. La manière d’y satisfaire est encore inconnue et pourrait justifier la construction d’un nouveau barrage hydraulique. Les besoins logistiques vont nécessiter la consolidation, avec ses impacts écologiques, de 120 km de pistes pour la desserte de la mine pendant ses 13 ans, au moins, d’exploitation.
La réforme de la procédure d’évaluation environnementale changera-t-elle la donne ? Les députés ont ratifié le 18 juillet l’ordonnance « portant réforme des procédures destinées à assurer l’information et la participation du public à l’élaboration de certaines décisions susceptibles d’avoir une incidence sur l’environnement ». Cette nouvelle disposition législative fixe à 5 millions d’euros de fonds publics (ou de subventions publiques dans le cas de projets privés) le seuil au-delà duquel une droit d’initiative citoyenne permettra de demander au préfet l’organisation d’un débat public sur un projet. Ce débat devra être demandé par 20 % de la population des communes concernées par le projet ou 10 % de la population du département ou de la commune concernés.
Cette législation a été adoptée à la suite du drame de Sivens, au cours duquel Rémi Fraisse, militant écologiste opposé à la construction d’un barrage dans le Tarn, a perdu la vie en octobre 2014.