L’Irstea contribue à la mise en place d’une filière de revégétalisation en circuit « ultra court », qui utiliserait des semences locales pour restaurer et maintenir la diversité écologique du milieu montagnard alpin.
L’aménagement des stations de ski, dont la France n’est pas avare, conduit à la dégradation des sols, à une perte de biodiversité et au déclin des fonctionnalités agronomiques des terrains de montagne. Depuis longtemps, des travaux de revégétalisation sont régulièrment entrepris pour lutter contre l’érosion, protéger la richesse écologique des espaces alpins et restaurer les paysages proches de ceux d’origine. Ainsi, « les stations de ski des Alpes françaises […] ont revégétalisé plus de 600 hectares par an de 2008 à 2017, indique l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea) dans un communiqué. Des travaux de végétalisation qui se chiffrent à environ 5 000 euros par hectare, soit 3 millions d’euros annuels. »
Toutefois, dans les Alpes françaises, la revégétalisation s’effectue principalement à partir de mélanges de graines peu diversifiées provenant d’autres régions, voire d’autres continents. Ils présentent l’inconvénient de ne compter que quelques espèces, souvent quatre fois moins que les biotopes de montagne et peu adaptées aux espaces alpins. Alors que « les semences locales présentent deux gros atouts : elles sont par essence adaptées et résistantes aux conditions extrêmes d’altitude et donc plus pérennes et, par ailleurs, elles permettent de maintenir la diversité écologique propre aux écosystèmes montagnards.», explique Thomas Spiegelberger, chercheur à l’unité Ecosystèmes montagnards (EMGR) du centre Irstea de Grenoble. Aussi, l’Institut s’intéresse à une technique efficace et économiquement rentable qui permettrait de revégétaliser à partir de semences locales, récoltées par fauchage ou brossage dans les zones géographiques et les milieux (prairies, pelouses…) correspondants, puis redéposées directement sur les terrains abîmés.
Le projet Sem’lesAlpes a donc été lancé en 2016, avec pour objectifs d’évaluer les besoins et coûts réels de cette future filière, d’en rassembler les différents acteurs (aménageurs, semenciers, agriculteurs, chercheurs), de cibler les espèces végétales locales les mieux adaptées et d’effectuer des essais de réensemencements. L’efficacité de la méthode est notamment évaluée sur la station de Courchevel. L’Irstea affirme que cette revégétalisation locale contenterait à la fois les agriculteurs, grâce à des prairies plus diversifiées, et les aménageurs, car des espèces adaptées contribueraient à préserver les l’attractivité touristiques des espaces alpins. « Notre ambition est aujourd’hui de recueillir des engagements concrets dans cette démarche de la part des acteurs économiques, comme les stations de ski », conclut Spiegelberger.