Forêts : rien ne sert de grandir vite…

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Une étude apporte un nouvel éclairage sur les caractéristiques contrôlant la compétition entre arbres de différentes forêts du monde.

Au sein d’une forêt, l’accès à l’eau, à la lumière et aux nutriments du sol fait l’objet d’une compétition acharnée entre les arbres. Toutefois, nous ne connaissons les modalités de cette compétition que grâce aux « connaissances empiriques locales » qui guide notre gestion forestière, sans pouvoir étendre les résultats au reste du monde, estime Georges Kunstler, écologue à l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea). Celui qui étudie les interactions entre espèces d’arbres en France a pu échanger avec le laboratoire australien de l’Université Macquarie, afin de croiser sa « démarche démographique » avec une nouvelle approche basée sur des traits quantitatifs transversaux. Qu’ils soient morphologiques ou physionomiques, ceux-ci fournissent des indications précieuses sur le comportement des espèces. Par exemple, la photosynthèse dépend de la surface foliaire spécifique, c’est-à-dire le rapport entre la surface et la masse de la feuille. L’élaboration d’une feuille épaisse est énergivore mais assure une photosynthèse de longue durée, tandis qu’une feuille fine demande peu d’énergie mais n’est qu’éphémère.

En collaborant avec une quarantaine de chercheurs internationaux, Kunstler a analysé l’influence de trois traits – la surface foliaire spécifique, la densité du bois et la hauteur maximale – sur la compétition entre les arbres, représentés par plus de 2500 espèces originaires des différentes forêts du monde. Les résultats, présentés dans son étude, révèlent des « mécanismes transversaux » qui ont bien un effet sur la compétition, explique-t-il. Ainsi, si les espèces qui poussent vite, comme le bouleau, dominent dans les forêts jeunes et lumineuses, elles ne supportent pas la compétition, au long-terme, d’espèces à la croissance lente et au bois dense. Ces effets sont « valides pour toutes les espèces et sous tous les climats », souligne le chercheur, soulignant l’improbabilité d’obtenir les mêmes résultats pour des forêts avec des densités d’arbres radicalement différentes, comme « la forêt suédoise, qui comprend moins de quatre espèces par hectare, et [la] forêt tropicale qui peut en contenir plus d’une centaine ». Reste à découvrir si ces traits pourraient prédire la résistance des arbres au stress climatique.

Lire l’étude en anglais