Les activités de l’homme ont entraîné une réduction de la superficie des mangroves à Mayotte et modifié leur fonctionnement, entraînant pour certaines un risque de disparition.
Les mangroves, des écosystèmes écologiquement riches situés à l’interface terre/mer, abritent de nombreuses espèces et constituent, pour les communautés locales, une ressource importante (forestière, halieutique, etc), et un moyen de protection essentiel pour certaines zones fragiles, côtières en particulier. Au regard de ces services, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) alerte dans un rapport d’évaluation sur le déclin des mangroves de Mayotte. Défrichements, aménagements, urbanisation et pollutions sont autant de facteurs jouant contre ces précieux milieux naturels, explique l’UICN qui les a inscrites sur sa nouvelle « liste rouge des écosystèmes ». Les résultats de l’évaluation montrent, « côté terrestre, un très net recul des arrière-mangroves, classées en danger critique, et côté marin, une régression des mangroves externes, classées ‘vulnérables’ ».
Les « arrière-mangroves », des forêts et prairies marécageuses, sont les plus menacées à Mayotte et ne se trouvent plus qu’à l’état de relique sur les côtes. Elles ont été largement transformées en zones de culture, plantations, zones de parcage d’animaux pour l’élevage, voire remblayées et urbanisées. Leur protection apparaît comme une priorité pour sauvegarder ces milieux naturels.
Côté mer, les mangroves « externes », ou « fronts pionniers de mangroves » voient leur vitesse d’érosion croître depuis les années 2000. Certaines d’entre elles pourraient disparaître au cours des cinquante prochaines années si cette vitesse ne faiblit pas. « Un changement des pratiques d’occupation des sols est nécessaire, d’autant que les changements climatiques vont probablement accentuer la vulnérabilité de ces mangroves à l’avenir (hausse du niveau marin, intensification des vents et de la houle…) ».
Entre les deux, les « mangroves centrales et internes, qui représentent le cœur des mangroves et la majorité de la superficie actuelle de ces écosystèmes à Mayotte, ne sont pas actuellement considérées comme menacées et ont donc été évaluées « préoccupation mineure ». Mais l’impact de certaines pressions, comme les rejets d’eaux usées et les défrichements, mériterait d’être davantage suivi.
L’UICN ajoute enfin que, en l’absence de données exhaustives ou homogènes dans le temps sur les mangroves mahoraises, notammant les « arrières-mangroves », un certain nombre de critères d’évaluation n’ont pu être utilisés. Cela souligne l’importance de renforcer, parallèlement aux efforts de conservation, des programmes d’acquisition de connaissances sur la distribution spatiale ainsi que sur le fonctionnement des mangroves à Mayotte.