La Norvège ouvre la voie à l’abattage de davantage de loups

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Sous la pression des éleveurs et du Parlement, le ministre de l’Environnement, a présenté un amendement autorisant l’abattage de loups

Le gouvernement norvégien a proposé vendredi d’ouvrir la voie à l’abattage, très controversé, de davantage de loups dans une volte-face qui a enragé les défenseurs de cette espèce protégée. Sous la pression des éleveurs et du Parlement, le ministre du Climat et de l’Environnement, Vidar Helgesen, a présenté un projet d’amendement autorisant l’abattage de loups « pour des considérations entre autres récréatives et culturelles » dans la zone où sa présence est tolérée. A ce jour, seuls les prélèvements de canidés représentant une « nuisance potentielle » y sont permis. Selon l’organisme spécialisé Rovdata, entre 65 et 68 loups ont été dénombrés l’hiver dernier en Norvège, où l’espèce est classée « en danger critique d’extinction ». S’y ajoutent au moins 25 spécimens dans les régions frontalières avec la Suède voisine.

Il est impossible de quantifier le nombre d’animaux susceptibles d’êtres abattus, a estimé M. Helgesen. « C’est une décision qui rend possible de prélever un petit nombre. Qu’est-ce qu’un petit nombre? C’est arbitraire », a-t-il dit lors d’une conférence de presse.

La question du loup est épineuse dans le pays scandinave. Éleveurs, chasseurs et propriétaires forestiers y sont souvent hostiles contrairement aux défenseurs de la nature et à une grande partie de la population. « C’est scandaleux de changer la loi pour pouvoir abattre plus d’animaux protégés, a fortiori dans un pays épris de nature comme la Norvège », s’est indignée la secrétaire générale de WWF Norvège, Nina Jensen, dans un communiqué.

Avec neuf couples reproducteurs, dont sept sur le seul territoire national, la Norvège abrite une population de loups supérieure à l’objectif fixé par le Parlement, à savoir de quatre à six meutes, dont au moins trois purement norvégiennes.

En décembre, invoquant les restrictions de la loi actuelle, le gouvernement de droite avait ramené à 15 le nombre de loups à tuer, soit trois fois moins que les 47 spécimens dont les autorités régionales de gestion de la faune voulaient autoriser l’abattage. Mais le Parlement lui avait demandé de revoir sa copie, ce qu’il a fait vendredi. Le gouvernement minoritaire s’assure ainsi une majorité parlementaire, à l’exception notable du petit parti Libéral, allié traditionnel du centre droit qui a dénoncé une violation de leur accord de coopération.