Comportement naturel

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« Les cons ministres ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît » : voilà comment, en 2024, Lino Ventura pourrait réinterpréter sa réplique mémorable dans Les Tontons flingueurs.

Vous n’aurez donc aucun problème pour reconnaître, si vous le croisez dans la rue, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Voilà quelqu’un qui ose oser ! Ceci par exemple, le 23 mai à l’Assemblée nationale, à l’occasion du débat sur le projet de loi d’orientation agricole : « L’élevage industriel n’existe pas en France. À quel nombre l’on peut dire qu’un élevage est industriel : deux truies ? Trente vaches ? Combien de moutons ? ». Peut-on lui faire valoir qu’à partir d’un seul âne, on est en présence de crétinisme industriel ? Rappelons à M. Fesneau qu’en France, 84 % des poulets, 97 % des dindes, et 70 % des pintades sont élevés en bâtiment fermé sans accès à l’extérieur. 95 % des cochons passent leur (brève) vie en bâtiment fermé sans accès à l’extérieur, sur du béton sans paille. De même, 60 % des chèvres sont élevées en bâtiment fermé sans accès à l’extérieur.

Il y a un an, Greenpeace publiait une carte de France des « fermes usines », c’est-à-dire les plus gros élevages d’animaux, ceux qui entrent dans le cadre des « installations classées pour la protection de l’environnement » et doivent obtenir une autorisation de l’État avec des règles strictes, justement en raison de leur taille et de leur impact potentiel. Les seuils officiels sont : à partir de 40.000 places dans une exploitation pour la volaille, 2000 pour les porcs de plus de 30kg, et 400 places pour les bovins. L’ONG s’est plongée dans les données, et a établi que 3010 exploitations correspondent à ces critères en France.

Les règles de l’Union européenne sur le bien-être animal, prévoient pourtant que les animaux domestiques (de compagnie ou de rente) ne doivent souffrir ni de faim ou de soif, ni d’inconfort, ni de peur ou de détresse, et qu’ils doivent pouvoir exprimer les comportements naturels propres à leur espèce.

Peut-on considérer qu’en osant affirmer, toute honte bue, que « l’élevage industriel n’existe pas en France », M. Fesneau exprime un comportement naturel propre à son espèce, celle de l’Homo macronicus ?