La matière et l’usage

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Sur la route du retour des vacances, escale dans un petit hôtel proche de Saint-Flour, histoire d’admirer, de nuit, le magnifique viaduc de Garabit majestueusement éclairé. Plus rural, y’a pas. Dans la salle de bain, les gobelets sont en carton… chacun soigneusement emballé dans un sachet en plastique scellé.

Aux Jeux Olympiques, 10 millions de Coca servis dans des éco-cups… venaient de bouteilles en plastique individuelles jetées sitôt vidées.

Plus tôt dans la saison, match de Top 14 au stade du Montpellier Hérault Rugby (MHR) pour soutenir le club local (les causes désespérées sont toujours les plus belles). La rituelle bière de la mi-temps est servie dans des éco-cups et des pichets en plastique… non consignés. Les plus civiques des supporters, à la fin du match, les jettent scrupuleusement dans les poubelles du stade.

Ces trois instantanés de vie quotidienne ont la même origine : l’interdiction, entrée en vigueur le 1er janvier 2021, des gobelets en plastique à usage unique. Louable intention, résultat désastreux ! Ce que les technocrates de la macronie vacillante et les dirigeants du MHR font semblant de ne pas comprendre, c’est que dans « plastique à usage unique », le problème c’est l’usage unique, bien plus que le plastique !

Sur le milliard et demi de gobelets en carton consommés chaque année en France, on estime qu’à peine 1 % sont recyclés… au prix de beaucoup d’énergie et de traitements physico-chimiques : le carton n’étant pas étanche aux liquides, il faut pour l’imperméabiliser lui appliquer une couche de polyéthylène… qu’il faut ensuite séparer dans la phase de recyclage. Et le polyéthylène, ça reste du plastique !

Un gobelet en plastique à usage unique pèse environ 2,5 g. Un éco-cup, 27 g. En ne récupérant pas sa vaisselle, le MHR génère 10 fois plus de déchets plastique qu’avec les bons vieux gobelets pas écolos du tout.

Et que dire des JO et de leur sponsor Coca-Cola, élu cette année encore médaille d’or de la pollution plastique ?

Pourquoi diaboliser le plastique, qui peut être un matériau durable, résistant, léger, et au final fort pratique ? Mieux vaut un objet en plastique utilisé dix ou vingt fois que le même objet en carton, en bambou ou en tout ce qu’on voudra mais jeté sitôt utilisé.

Ce ne sont pas nos matériaux qu’il faut changer, ce sont nos pratiques, nos habitudes, notre accoutumance au jetable et à la consommation frénétique.