Askip, comme on dit, un nombre important d’électeurs s’apprêteraient à voter dimanche pour le Rassemblement national, au motif qu’« on n’a pas encore essayé », alors que tout le reste, la droite, la gauche, rien de tout cela ne s’est avéré satisfaisant.
Mais à quel moment a-t-on essayé de réduire résolument les inégalités, qui génèrent la désespérance sociale et alimentent la crise écologique ? De bloquer les prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, de soutenir la filière bio et l’agroécologie, d’appliquer le plan Écophyto et d’interdire le glyphosate (comme Macron s’y était engagé en 2017), en accompagnant financièrement les paysans concernés ? Quand a-t-on envisagé d’en finir avec les ferme-usines, ces méga-exploitations agricoles, source majeure de pollution des eaux et de souffrance animale ? A quel moment a-t-on imaginé de demander aux plus riches dans notre société de contribuer à financer la réparation des dégâts que leur mode de vie inflige à l’équilibre climatique, à la qualité de l’air que nous respirons et de l’eau qui nous abreuve, à la biodiversité sans laquelle nous perdrons les ressources nécessaires à notre survie ? Quand a-t-on pensé à renoncer au déploiement frénétique et irréfléchi de mégabassines, qui aggraveront -tous les scientifiques sérieux et indépendants sont unanimes sur ce point- la crise de la ressource en eau, au bénéfice d’une agro-industrie de la malbouffe ?
Si on n’a pas adopté jusqu’ici ces mesures urgentes de bon sens -qui figurent toutes dans le programme du Nouveau Front populaire- c’est, nous explique Bruno Le Maire, parce que ce programme serait « délirant et à contretemps de la situation des finances publiques » et que «la marge de manœuvre budgétaire de la France, elle est nulle ». Sans blague ! Le type qui est ministre de l’Économie depuis 7 ans vient nous expliquer que notre marge de manœuvre serait nulle et qu’il faudrait donc reconduire le gouvernement qui nous a conduits dans cette impasse ? Le type qui a fait exploser la dette du pays et encouru une dégradation de la France par Standard & Poors (ce n’était arrivé sous aucun gouvernement de gauche) vient toiser les économistes qui ont chiffré ce programme ?
Il est vrai qu’on n’a pas non plus essayé le racisme institutionnel (encore que…), le recul des droits fondamentaux et des libertés publiques (encore que…), on n’a pas essayé de tourner le dos aux énergies renouvelables, ni d’autoriser la location de passoires thermiques, ni de démanteler ce que 7 ans de macronisme nous ont laissé de réglementations environnementales.
Vous avez une préférence ?