La professeure : « Les enfants, comment appelle-t-on un groupement de personnes armées, doté d’une hiérarchie de type militaire, et visant à faire prévaloir, par la menace et l’intimidation, des intérêts privés ou une idéologie particulière en marge du fonctionnement démocratique de l’État ? ». Les élèves : « Une milice, m’dame ! ». La professeure : « Très bien. Et quand une milice a-t-elle existé en France pour la dernière fois ? ». Une main se lève : « Entre 1943 et 1945 ». La professeure : « Eh non Nicolas, tu n’as pas révisé jusqu’au bout. La dernière fois, c’est en ce moment, depuis 2019, sous le régime du président Macron. La milice en question s’appelle « cellule Démeter ».
Et la professeure réexplique patiemment qu’en 2019, le ministre de l’Intérieur a signé une convention avec le principal lobby de l’agrobusiness en France, la FNSEA, dans le but de créer, au sein de la Gendarmerie nationale une cellule chargée de répondre aux exigences de l’agriculture industrielle. Il s’agît de réprimer les actions illégales, mais surtout d’organiser la répression des « atteintes au monde agricole », et de surveiller, en-dehors de toute infraction, les organisations agissant légalement au nom de motivations écologistes, animalistes et antispécistes.
Dès sa création, le cellule Démeter a fait preuve d’un zèle exemplaire : en décembre 2019, l’association Alerte pesticides Haute-Gironde doit répondre à un interrogatoire détaillé à propos de tables rondes sur les pesticides. En février 2020 dans le Tarn, la maréchaussée s’invite dans une réunion de préparation de la semaine pour les alternatives aux pesticides. En juin 2020, en Corrèze, le porte-parole de l’association Sources et Rivières du Limousin est convoqué pour avoir, lors d’une interview avec France 3, dénoncé des serres de tomates industrielles. En juin 2020, la gendarmerie du Gard adresse un questionnaire aux agriculteurs leur demandant de faire remonter les actes d’« agribashing ».
La semaine dernière, le Conseil d’État n’a rien trouvé de répréhensible au fait que la gendarmerie soit ainsi caporalisée par la FNSEA.