Alerte ! La Première ministre est en voie de radicalisation, et elle ne s’en cache même pas. En présentant ce lundi la nouvelle Stratégie nationale de la biodiversité, troisième du nom (SNB 3), elle a explicitement appelé à une « radicalité des résultats » face à la « menace existentielle » que constitue l’effondrement du vivant.
Diantre ! On se souvient que c’est en invoquant la « radicalité » qu’ils revendiquent que M. Darmanin a tenté de dissoudre les Soulèvements de la Terre. Va-t-il maintenant dissoudre Mme Borne ? Chacun sait que ce n’est pas l’envie qui lui en manque, mais c’est un autre sujet…
Pas de panique toutefois : sans reprendre son souffle, Mme Borne a ajouté que cette « radicalité des résultats » serait atteinte « sans brutalité dans les mesures ». Nous voilà rassurés, nous sommes bien toujours en Macronie : chaque affirmation d’une avancée possible comporte dans la même phrase le mode d’emploi de son inapplication. L’immobilisme radical est en marche, et rien ne pourra l’arrêter. La dernière trouvaille sémantique de Mme Borne rappelle furieusement celle d’Alphonse Allais, qui préconisait de « demander plus à l’impôt, et moins au contribuable ».
Exemple de cette radicalité plutôt câline : l’action 4 de la mesure 31 de l’axe 3 se propose de « Développer et promouvoir les initiatives collectives pour faire progresser la prise en compte de la biodiversité dans les stratégies des entreprises ». Voilà qui ne devrait guère émouvoir le MEDEF, ni empêcher Totalénergies de déployer ses projets écocidaires…
Au mieux, cette SNB 3 est minutieusement conçue pour ne servir à rien. Au pire, certaines de ses dispositions peuvent inquiéter. Ainsi, on lit au détour d’un paragraphe que « Les espèces protégées, y compris ceIIes présentant des défis de cohabitation avec I’Homme comme Ies grands prédateurs, ne font pas I’objet d’une réguIation du fait de Ieur statut ; en revanche, une approche par la gestion adaptative peut être adoptée vis−à−vis des dommages qu’eIIes occasionnent ». Or la gestion adaptative consiste à « à déterminer les conditions de prélèvement soutenable pour I’espèce visée ». En clair, le loup a de gros soucis à se faire…
Cette stratégie fracassante dans sa « radicalité » aurait dû être adoptée il y a déjà deux ans. Finalement, on aurait assez bien pu continuer à s’en passer.