Carte postale arlésienne – En direct du festival Agir pour le Vivant 2023 (5/5)
Imaginons une conférence mondiale de l’ONU consacrée aux méfaits du venin, et dont la présidence serait confiée à un serpent.
C’est exactement ce qui se profile avec la 28ème Conférence des parties sur le climat (COP 28) qui se déroulera du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï. Son président sera le Sultan Ahmed al-Jaber, ministre du pétrole des Emirats Arabes Unis et PDG du géant pétrolier ADNOC (Abu Dhabi National Oil Company). Y a-t-il meilleure réponse à l’une des questions du jour : « Existe-t-il une diplomatie environnementale ?». Oui, elle existe. Mais de là à considérer que c’est une bonne nouvelle…
La journaliste Anne-Cécile Bras (RFI) rappelle que pour la COP précédente, au Caire, 40 000 personnes s’étaient déplacées. Pour la prochaine, les Émirats annoncent en attendre le double ! 80 000 importants vont donc se propulser (en avion) au milieu du désert pour débattre de notre avenir climatique sous la houlette d’un dealer de CO2. Parmi eux, une poignée seulement seront véritablement là pour des négociations climatiques, qui se dérouleront… à huis clos ! Les dizaines de milliers d’autres seront pour l’essentiel des lobbyistes de l’industrie, notamment pétrolière, venus expliquer pourquoi leurs pets à eux sentent la rose, leur pétrole à eux est le plus vertueux, et pourquoi, pour financer une chimérique « transition écologique », il est nécessaire d’investir dans toujours plus d’énergies fossiles…
Une fois ce cadre posé, l’ambition de la journée « réinventer la géopolitique du vivant » apparaissait comme un chantier titanesque. Les contributions de penseurs tels que Malcom Ferdinand, d’historiens tels que Christophe Bonneuil, ou de l’artiste et écrivaine Moira Ivana Millàn, weychafe (guerrière) du peuple Mapuche ont certes permis d’imaginer à quoi pourrait ressembler un monde débarrassé de ses miasmes coloniaux, mais surtout de mesurer le temps qu’il faudra pour espérer en approcher.
En attendant, laissons à Jean racine la conclusion de cette série de cartes postales estivales (merci de l’avoir suivie) :
« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes » ?