Du temps pour qui ? Du temps pour quoi ?

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Carte postale arlésienne – En direct du festival Agir pour le Vivant 2023 (1/5)-

« Le temps qu’on a pris pour dire Je t’aime est le seul qui reste au bout de nos jours » (Gilles Vigneault). Pour un festival qui ambitionne de déclarer son amour au Vivant et d’agir pour lui, commencer par consacrer deux heures au temps n’est pas totalement incongru…

Quel temps ? Celui, linéaire et en perpétuelle accélération, qui sous-tend la vision occidentale et productiviste de la société ? Celui, circulaire, qui inspire les populations autochtones sud-américaines ? Celui des rêves, qui irrigue les pensées et les actions des Aborigènes ? De tous ces temps-là, comment parler, comment les partager ? C’était le défi de la soirée d’ouverture du festival, pilotée par Marin Schaffner, directeur de collection aux éditions Wildproject. Réponse en deux temps : d’abord des témoignages, parlés ou chantés (Hugo Jamioy, poète du peuple Kemsa;  Ryoko Sekiguchi, écrivaine et traductrice japonaise;  Souleymane Diamanka, poète, slameur franco-sénégalais), puis un temps de débat, conclu par l’anthropologue Arturo Escobar, qui pointe la nécessité de faire converger le temps de la globalisation, celui des conséquences de cette globalisation (le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité) et celui de la décision politique.

De tout cela émerge, une fois de plus, le sentiment que parmi toutes les urgences, la première est de ralentir. L’idée n’est pas totalement nouvelle : dans les années 1970, déjà, le dessinateur Gébé avait imaginé dans la bande dessinée L’An 01, un moment historique fort singulier : soudain, « on arrête tout, on réfléchit…  et c’est pas triste ! ». Dans quel but ? Prendre le temps de redéfinir nos besoins et désirs, puis revisiter de fond en comble le régime de production des biens et produits. En 1972, déjà, les scientifiques du Club de Rome, s’appuyant sur le rapport Meadows, amenaient médias et politiques à questionner la pertinence de la croissance économique.

Serons-nous, à notre tour, condamnés à prêcher comme eux dans le désert ?

Au menu aujourd’hui : Sentir-penser avec la Terre, pour un devenir pluriversel.

A demain.