« C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme… Tadadaaam… »
En fait, si : dans la vraie vie, c’est bien l’homme qui prend la mer. Qui la prend pour une poubelle, ça on le sait : entre 75 et 200 millions de tonnes de plastique flottent dans les océans, et 24 400 milliards de particules de micro-plastiques n’attendent que le moment de venir alourdir notre taux de mortalité, après avoir remonté toute la chaîne alimentaire jusqu’aux poissons que les chalutiers industriels prélèvent en excès…
La nouveauté, c’est que désormais l’homme prend la mer… pour une gigantesque lessiveuse. Ainsi, un communiqué triomphant d’Airbus Industries nous apprend, la semaine dernière, que « Airbus vise une réduction de ses émissions de CO2 de 63% en 2030 par rapport à 2015, « cohérent avec l’accord de Paris » pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ». Diable… voilà qui va révolutionner en quelques années le transport mondial.
Sauf que… à lire en détail le communiqué, ces 63 % de réduction ne concernent que le transport de pièces de fuselages et d’ailes d’avion de l’usine d’Airbus de Toulouse à celle de Mobile, aux USA. Pour cela, « Airbus va renouveler l’ensemble de la flotte de navires affrétés par trois navires rouliers modernes à faibles émissions, dotés d’une propulsion assistée par le vent ». En clair : on réinvente la marine à voile pour transporter des avions qui émettront pendant plus de vingt ans des millions de tonnes de CO2, sans parler des autres contributions de l’aviation au réchauffement climatique. L’objectif d’Airbus est d’économiser chaque année 35 000 tonnes de CO2. Soit 770 000 tonnes en 22 ans (durée moyenne d’utilisation d’un avion par les compagnies aériennes). Pendant ces 22 ans, les 863 appareils que l’avionneur a livrés en 2019 émettront un total de 740 millions de tonnes de CO2. Soit 960 fois plus (source : Airbus) ! Or, dans un rare accès de franchise, l’entreprise précise aussi que « le renouvellement de la flotte soutient également l’ambition d’Airbus d’augmenter la cadence de production de la famille A320 à 75 appareils par mois d’ici 2026 ».
Bref, on va économiser un peu de CO2 pour produire encore plus d’avions, qui émettront beaucoup plus de CO2.Ce doit être ça que nos dirigeants appellent « la transition écologique ».
Vous avez aimé le greenwashing ? Vous allez adorer le bluewashing !
Dernière minute : Le Conseil d’Etat annule définitivement la dissolution des Soulèvements de la Terre. C’est un camouflet pour le ministre de l’Intérieur, mais aussi pour le président de la République, qui avait publiquement exigé cette dissolution, et pour la FNSEA qui avait bruyamment réclamé au président cette mesure liberticide.