Do you prefer la peste ou le choléra ?

2020
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La chute d’un dirigeant aussi pathétique que Boris Johnson est évidemment un moment d’intense jubilation. Menteur, démagogue, dépourvu de tout sens moral, ce premier ministre sans foi ni loi a gravement endommagé à la fois l’idéal européen et l’image de la démocratie britannique, réputée insubmersible.

Sur le dérèglement climatique ou sur l’effondrement de la biodiversité, l’inaction de son gouvernement a été presque aussi criante que celle des gouvernements français pendant la même période. C’est dire !

Pourtant, il n’est pas exclu que les Britanniques conscients des enjeux de ces deux sujets (et qui, comme en France, constituent une écrasante majorité de l’opinion) en viennent dans les prochains mois à regretter le clown Bo-Jo, ses frasques dispendieuses et sa suintante vulgarité.

Car les deux candidats à sa succession que les 138 000 membres du parti conservateur (0,4 % de l’électorat) devront départager par un vote au cours du mois d’août défendent des programmes -ou affichent des bilans- propres à faire passer Johnson pour un dévot de Greta Thunberg !

La favorite, Liz Truss, a été la plus calamiteuse ministre de l’environnement que la Grande-Bretagne ait connue depuis que le poste existe. Ministre des affaires étrangères pendant la préparation de la COP 26, qui s’est tenue en novembre dernier à Glasgow, elle a méthodiquement séché les réunions préparatoires, s’est contentée d’une brève apparition pendant les douze jours de la conférence, et n’a plus jamais abordé le sujet depuis. Interrogée sur l’objectif « zéro carbone » (inscrit dans la loi britannique), elle a répondu par une pirouette sur « une nouvelle enquête sur la nature ». Commentaire de la journaliste du Guardian Fionna Harvey : « C’était pathétique. La biodiversité est un sujet majeur, et nous savons dans quel état elle est. Nous n’avons pas besoin de commencer à compter les campagnols ! » A l’occasion d’un débat, Mme Truss a déclaré que l’objectif de zéro émission ne devait pas « nuire aux personnes et aux entreprises ». Un écho à l’impayable déclaration de notre Elizabeth Borne (vous savez, la première ministre française) en juin dernier : « nous ne ferons pas l’écologie contre l’économie », la phrase primoministérielle la plus creuse depuis le « Que d’eau, que d’eau ! »de Mac Mahon dans Toulouse inondée en 1875.

Quant au concurrent de Mme Truss, Rishi Sunak, il a conduit comme ministre des finances une politique catastrophique, bloquant méthodiquement tous les investissements liés à la transition écologique, de l’isolation des bâtiments à la taxe carbone.

« Quand je me contemple je me désole, quand je me compare je me console » (Talleyrand). Il n’est pas certain que la désespérante impéritie des politiques écologiques françaises trouve, outre-Manche, un début de consolation.