Le Monde nous informe que plus de 180 associations écologistes, organisations syndicales et élus locaux appelaient ce dimanche à manifester contre les projets de nouveaux parcs éoliens en Galice, la région la plus densément équipée d’Espagne.
Jusqu’ici tout va bien.
L’article se poursuit par une déclaration de la présidente de l’une de ces associations : « On va mettre des moulins de 220 mètres de haut à 500 mètres de nos maisons, le minimum fixé par la loi, lance, en colère, cette mère de deux enfants, qui possède des terrains forestiers plantés d’eucalyptus menacés d’expropriation, des champs de maïs et quelques cochons et poules. Le pire est l’eau : nous buvons directement une eau de source pure et non traitée, ici. Or, pour installer ces gigantesques aérogénérateurs, les fondations couperont forcément le cours d’eau. »
Là, l’argumentaire confine au sublime : c’est donc pour la défense de la ressource en eau que Mme Don Quichotte pourfend les moulins à vent, alors qu’elle exploite une forêt d’eucalyptus et des champs de maïs ? Sans blague ?
L’eucalyptus a été massivement planté en Galice depuis les années 1950. Son avantage est de pousser très vite : en 12 à 15 ans à peine il peut être récolté, pour faire de la pâte à papier. Ses inconvénients, eux, sont multiples. Fortement inflammable, il est responsable de la multiplication et de la rapide propagation des feux de forêts : 40 % des incendies espagnols se produisent en Galice, pourtant la région la plus humide du pays. Avec ses racines profondes, l’eucalyptus pompe d’énormes quantités d’eau dans les nappes phréatiques : jusqu’à 300 litres par jour pour un seul arbre. Enfin, l’eucalyptus a peu d’interactions naturelles avec les espèces animales locales. Ses feuilles ne sont pas mangées par les cerfs, les vaches ou d’autres herbivores locaux. En outre, c’est une espèce envahissante. Voilà qui limite considérablement la biodiversité que les plantations d’eucalyptus peuvent soutenir : c’est la raison pour laquelle elles sont appelées « déserts verts ».
Quant au maïs, c’est une plante tropicale fortement consommatrice d’eau pour son irrigation, et principalement… en été. Fortement consommateur également d’intrants agrotoxiques, il est jugé responsable de la pollution des eaux de surface et des eaux souterraines à travers le recours massif aux nitrates.
En clair, substituer une forêt d’éoliennes aux cultures de Mme la présidente serait sans aucun doute bénéfique pour la biodiversité et pour la ressource aquatique.
S’ils ne sont pas toujours d’une aussi évidente mauvaise foi, les plaidoyers assénés par les opposants aux éoliennes convoquent souvent des arguments pseudo-écologiques au soutien d’intérêts privés sonnants et trébuchants.
A la réflexion, il est peut-être inapproprié de traiter de « Don Quichotte » ces anti-moulins.
« Tartuffe » leur convient beaucoup mieux.