Le syndrome du pompier

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Quel est le point commun entre la plantation d’arbres pour contrebalancer la perte de forêts, et la recherche d’un vaccin contre la Covid-19? Dans les deux cas, on étouffe les flammes sans s’attaquer à l’origine du feu. D’un côté, c’est la course à la compensation carbone, avec l’espoir naïf que nos émissions de CO2 seront instantanément et intégralement capturées par l’arbre nouveau. De l’autre, ce sont les intrigues mondiales pour produire – et s’arroger – le remède aux symptômes d’une pandémie dont on se soucie encore bien peu des causes environnementales. Qu’on plante ou qu’on vaccine, n’est-ce pas là une manière de se trouver des excuses pour persévérer dans nos pollutions et nos destructions d’écosystèmes? A ce sujet, une étude publiée dans Nature Ecology & Evolution vient de mettre au jour une drôle de compétition entre pays du G7 : qui entraîne le plus de déforestation dans les pays pauvres par simple gourmandise? Si le goût des Allemands et des Anglais pour le chocolat est un facteur important de déboisement en Côte d’Ivoire et au Ghana, les buveurs de café d’Italie et les amateurs de bois tropicaux du Japon font rapidement disparaître la canopée du Viêt Nam. Les Etats-Unis ne sont pas en reste, dont la carnivorie grignote l’Amazonie à grands coups de champs de soja. Quant à la France, elle se hisse sur un triste podium : parmi les pays riches, elle a le taux le plus élevé de déforestation par habitant. En 2015, l’appétit d’un Français occasionnait la perte de 21m2 de forêts, aggravant d’autant la crise climatique, le déclin de la biodiversité et les risques d’une future pandémie. Pas de crainte toutefois : il y aura toujours de bonnes âmes pour replanter des arbres et chercher des vaccins…