Sur la côte atlantique, l’inquiétante disparition des dunes grises

Júlio Reis, Wikimedia Commons

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Júlio Reis, Wikimedia Commons
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Sur la côte Atlantique, les dunes grises, trésors de biodiversité, tendent à disparaître, prises en étau entre les dunes blanches du littoral et les plantations de pins maritimes, une menace pour des espèces d’animaux et de plantes endémiques.

Cistude Nature, association de protection de la nature située en Nouvelle-Aquitaine, a tiré la sonnette d’alarme dans un rapport publié cet été: les dunes grises ont perdu un tiers de leur surface entre 1997 et 2021 sous l’effet du changement climatique.   Grâce à des balises placées dès 1997 par l’Office national des forêts (ONF), les experts en biodiversité de la côte atlantique disposent enfin de données fiables sur le sujet. Et selon eux, le bilan est grave.   Caractéristiques des côtes des Landes et de Gironde, ces dunes humides et végétales s’effacent peu à peu, mangées par le recul des dunes de sable blanc tant appréciées des vacanciers.  « Il y a une vraie inquiétude », déclare à l’AFP Kévin Romeyer, botaniste au Conservatoire botanique national sud-atlantique et coauteur de ce rapport. « Si l’on perdait des morceaux de dunes grises ponctuellement, ce ne serait pas si grave… Mais là, c’est une diminution de surface continue, et cela peut avoir des effets dévastateurs, notamment pour le lézard ocellé ».

Le lézard ocellé, menacé

Historiquement, ce lézard, le plus gros d’Europe, est arrivé des régions méditerranéennes et s’est installé dans ces dunes grises. Mais avec la dégradation de son habitat naturel et la disparition des insectes dont elle se nourrit, cette sous-espèce étudiée comme sentinelle du climat par la Cistude Nature, est « en voie de régression », selon Michaël Guillon, coordinateur du programme.  « De plus en plus de gens se baladent dans ce milieu, et cela oblige le lézard à rentrer dans son gîte et réduit les fenêtres où il peut sortir pour s’alimenter. La menace est réelle », abonde Michaël Guillon.  Le lézard ocellé de la côte atlantique, classé « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature, n’est qu’un exemple de toute cette biodiversité en péril. L’immortelle des dunes, une petite fleur jaune protégée, est aussi classée sur la liste rouge européenne des espèces menacées.  L’érosion et la progression de la frange forestière sont des phénomènes naturels, mais ils sont accélérés par l’activité humaine.   Le changement climatique intensifie par exemple la fréquence et la violence des tempêtes, qui précipitent elles-mêmes le morcellement des dunes grises.  Les estivants les dégradent aussi quand ils sortent des sentiers balisés.   « Notre message aux vacanciers est simple: suivez les cheminements prévus, évitez de divaguer dans les dunes car cela crée du dérangement pour la faune et la flore locales; tenez vos chiens en laisse, car ils peuvent exercer de la prédation sur les petits animaux; et surtout, évitez de piétiner la végétation locale », conclut Kévin Romeyer.