Bolsonaro a profité de la crise du Covid pour porter (une fois de plus) atteinte à l’environnement

Photo d'illustration ©Engin_Akuyrt de Pixabay

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L’administration Bolsonaro a profité que le monde ait les yeux rivés sur la Pandémie du covid-19 pour démanteler les politiques environnementales. Une étude parue dans la revue scientifique Biological Conservation revient sur les mesures prises en 2020 par le ministère de l’Environnement brésilien pour affaiblir la protection de l’environnement.

En avril 2020, une vidéo de Ricardo Salles, ministre de l’Environnement au Brésil, fuitait, le montrant en pleine réunion avec ses fonctionnaires pour prévoir le futur en pleine pandémie. Dans cette vidéo, on l’entend dire que l’idéal « serait de profiter de la presse qui ne parle que du Covid pour changer les lois sans avoir à passer par le Congrès. Il suffit de signer ! ». Un an plus tard, des données recensées par un groupe de six chercheurs brésiliens constatent les efforts mis en place par le ministre de l’Environnement pour démanteler les politiques environnementales du pays. Bolsonaro n’a jamais vraiment caché ses intentions : pendant sa campagne électorale de 2018, il a déclaré qu’il supprimerait « l’industrie des amendes environnementales » et combattrait les « éco-chiites ». Il annonçait également vouloir fusionner les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement pour mettre fin à la démarcation de nouveaux territoires indigènes. Une fois élu en début 2019, il a nommé au ministère de l’Environnement Ricardo Salles qui avait été condamné pour irrégularités administratives alors qu’il était secrétaire à l’environnement de l’État de São Paulo.

La pandémie mondiale liée au covid-19 a permis au Président du Brésil de défaire plus facilement les politiques de préservation de l’environnement et saper les agences environnementales fédérales. Une étude publiée dans la revue Biological Conservation montre que depuis que Jair Bolsonaro a pris ses fonctions, il a signé 57 textes réglementaires de toutes sortes qui affaiblissent les réglementations environnementales existantes. 28 d’entre eux ont été signés au cours des 7 premiers mois de la pandémie. L’équipe de chercheurs brésiliens a également constaté une baisse de 70 % du nombre d’amendes infligées pour des délits environnementaux entre mars et août 2020.

Plusieurs rapports publiés depuis le début de la pandémie soutiennent les informations parues dans l’étude. L’un d’entre eux a été réalisé par l’Institut de gestion et de certification des forêts et de l’agriculture (Imaflora), l’Institut socio-environnemental (ISA) et l’organisation britannique de défense des droits de l’homme. Le document a soulevé la façon dont les citoyens ne sont plus autorisés à siéger dans un certain nombre de conseils d’institutions publiques impliqués dans l’élaboration des politiques environnementales. Le document indique par ailleurs que sur les 22 institutions nationales travaillant sur la politique sociale et environnementale, quatre ont été fermées et neuf ont été restructurées, laissant moins de la moitié inchangée.

Les conclusions de l’Institut mettent en avant qu’en 2020, seules trois des dix agences fédérales qui gèrent des bases de données pertinentes pour la politique environnementale ont satisfait à leur obligation légale de maintenir des plans de données ouvertes. Les 10 agences avaient toutes rempli cette obligation en 2019. Les experts ont alors souligné que les données ouvertes sont essentielles à la mise en œuvre de la politique environnementale par le pouvoir exécutif. Elles sont également impératives pour les initiatives citoyennes qui défendent ces politiques, comme les projets de contrôle de la déforestation et de lutte contre les feux de forêt.

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