Des associations de protections de la nature et une majorité des citoyens européens se sont déclarés contre la pratique du forçage génétique, une technique récente permettant de modifier fondamentalement des gènes chez le bétail mais aussi la faune et la flore sauvage.
Le forçage génétique est une technique de génie génétique récente qui consiste à changer radicalement la probabilité de transmettre des gènes d’une génération à une autre. Elle s’applique aussi bien aux gènes des cultures agricoles et au bétail qu’à la faune et la flore sauvage. Cette invention peut augmenter la transmission des gènes à la progéniture jusqu’à 100 % tandis que normalement, la probabilité d’hériter d’un trait génétique est de 50 %, selon France Nature Environnement (FNE). L’association de protection de la Nature explique également que « ces organismes génétiquement forcés sont dotés d’un mécanisme qui force la modification génétique à se recopier indépendamment lors de chaque reproduction. Celle-ci est donc transmise de génération en génération pour finir par se retrouver dans l’ensemble de la ou des populations d’espèces sauvages ». Cela permet donc de remplacer ou de mener à l’extinction une population sauvage ou une espèce entière. FNE indique dans un communiqué que les développeurs et financeurs de ces techniques les promeuvent pour lutter contre les parasites agricoles, pour éliminer les espèces envahissantes des écosystèmes sensibles et éradiquer ou modifier les insectes porteurs de maladies.
France Nature Environnement, ainsi que les associations Pollinis et OGM Dangers affirment toutefois être contre l’utilisation de ces techniques pour plusieurs raisons :
- Les forçages génétiques transforment la nature en un laboratoire de génie génétique et ne s’attaquent qu’aux symptômes et non aux causes de nos problèmes ;
- Les organismes génétiquement forcés ne sont pas récupérables, leur surveillance et leur contrôle dans la nature sont impossibles ;
- Leurs effets sur les écosystèmes, l’agriculture, la santé humaine et la paix ne sont ni étudiés ni prévisibles ;
- Les questions éthiques sous-jacentes à l’utilisation de ces techniques dans l’environnement ne sont pas discutées ;
- La recherche sur le forçage génétique, engagée en l’absence d’évaluation globale préalable, est déjà risquée puisque la fuite de certains animaux de laboratoire dans l’environnement n’est pas impossible et peut déclencher une réaction en chaîne.
Les trois associations de protection de la nature ont dévoilé mercredi 27 janvier un sondage révélant qu’une majorité de citoyens européens rejettent également la manipulation génétique des espèces sauvages par forçage génétique. Les chiffres montrent une forte opposition à l’utilisation de ces techniques dans l’environnement – de 46 à 70 % – selon les pays. L’enquête conduite auprès de 8 826 personnes a été commandée par neuf ONG. Il s’en dégage un faible niveau de soutien (7 à 16%) à l’utilisation de forçage génétique dans l’environnement. Le sondage montre également qu’une grande partie des répondants sont encore indécis (14 à 27%) ou ne savent pas répondre (1 à 24%), indique FNE. 65 à 82% sont en revanche d’accord pour dire que la dissémination d’organismes génétiquement forcés et forçant dans l’environnement devrait être repoussée jusqu’à ce qu’il soit scientifiquement prouvé que leur dissémination ne porterait pas atteinte à la biodiversité, à la santé humaine, à l’agriculture ou à la paix. En France, 70 % des répondant s’opposent aux lâchers d’organismes génétiques forcés dans l’environnement à cause des risques, 8 % sont favorables car ils pensent que les avantages surpasseront les risques et 22 % ne savent pas.
Une pétition européenne pour un moratoire mondial sur la dissémination d’organismes génétiquement forcés dans l’environnement, y compris par des essais sur le terrain, a été ouverte à l’occasion de la 15e conférence des parties à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique.
Consulter le Communiqué de Presse FNE et les résultats détaillés du sondage