À cause de l’homme, le bassin amazonien est devenu un émetteur de gaz à effet de serre

Photo d'illustration © sandid de Pixabay

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Une étude publiée dans Frontiers in Forest and Global Change calcule l’équilibre de tous les gaz à effet de serre d’origine naturelle et humaine entrant et sortant du bassin amazonien. Le constat est clair : la région est désormais un émetteur net de gaz à effet de serre.

Des années de combustion, d’exploitation forestière, d’extraction minière et de développement ne pouvaient que perturber l’équilibre forestier du bassin amazonien. Ce bout de terre bien souvent appelé « poumon du monde » subit les caprices humains de plein fouet, mettant en danger la biodiversité  ainsi que notre propre santé. Alors que tous les yeux accusateurs se tournent vers les émissions de dioxyde de carbone (CO2) qu’ils tiennent pour responsable du changement climatique, une équipe de scientifiques montre que ce gaz à effet de serre (GES) n’est pas le seul facteur de la crise du climat. D’autres GES telles que le méthane, l’oxyde nitreux (protoxyde d’azote), les aérosols et le noir de carbone (forme amorphe et élémentaire du carbone) sont des éléments qui affectent tout autant le réchauffement de la planète. Dans une étude publiée par Frontiers in Forest and Global Change, des chercheurs ont calculé l’équilibre de tous les gaz à effet de serre d’origine naturelle et humaine qui entrent et sortent de l’immense bassin amazonien. L’équipe conclut que le réchauffement de l’atmosphère dû à des agents autres que le CO2 (comme le méthane ou le protoxyde d’azote) dépasse probablement les avantages climatiques que l’Amazonie procure par l’absorption de ce dernier. En d’autres termes : à cause de l’homme, le bassin amazonien est désormais à lui seul un émetteur de gaz à effet de serre.

Un écosystème forestier sain stocke le CO2 et maintient un équilibre entre les autres facteurs qui influencent le climat. Seulement, l’exploitation incessante de l’Amazonie ne permet plus de fournir ce service. La capacité de cette gigantesque forêt à absorber le CO2 diminue. Les chercheurs notent que dans le même temps, d’autres facteurs contribuant au changement climatique sont en augmentation. Par exemple, lorsque les arbres brûlent, ils libèrent non seulement du dioxyde de carbone jusqu’à présent séquestré, mais aussi du méthane, un GES 80 fois plus puissant que le carbone. Le méthane reste plus longtemps dans l’atmosphère et amplifie son réchauffement.

Le réchauffement des zones humides et la construction de barrages accroissent également les émissions de méthane, mais aussi celles d’oxyde nitreux, un GES dont le potentiel de réchauffement est 300 fois supérieur à celui du CO2. Malgré leurs meilleures estimations, les chercheurs relèvent une certaine incertitude quant à l’ampleur des émissions de bassin amazonien. Ils précisent qu’il y a certain désaccord quant à la façon de comparer l’influence des GES autres que le CO2 par rapport à ce dernier ainsi que sur le rôle de ces autres sources de dérèglement climatique. Les auteurs suggèrent cependant que les forêts ne suffiront pas à ralentir le changement climatique tant que les hommes continueront à brûler le poumon de la terre.

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