Selon une étude récente publiée dans la revue Global Ecology and Conservation, les deux sous-populations de tortues luth du Pacifique sont en « danger critique d’extinction ». En effet, la tortue luth du Pacifique occidental a connu un déclin de 80 % sur une période de 28 ans.
La tortue luth, présente sur toute la planète est représentée par sept sous-populations génétiquement distinctes : l’est et l’ouest dans l’océan Pacifique, ainsi que trois dans l’océan Atlantique et deux dans l’océan Indien. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) la classe comme « vulnérable » sur sa liste rouge des espèces menacées. Or, une nouvelle étude révèle que deux sous-populations du Pacifique devraient être considérées comme « en danger critique d’extinction ». Publiés dans la revue Global Ecology and Conservation, les travaux reviennent sur près de trois décennies de données pour évaluer l’état de la population des tortues luth du Pacifique occidental. En combinant leurs observations de tortues en quête de nourriture en Californie avec des données sur les modèles de nidification en Indonésie, les chercheurs estiment que la population a diminué à un taux de 5,6 % par an, subissant un déclin global de 80 % entre 1990 et 2017. L’équipe de recherche a enregistré une moyenne de 140 individus dans la zone de recherche de nourriture du centre de la Californie entre 1990 et 2003, mais ce nombre a chuté à une moyenne de 55 en 2017. Cependant, les données ne représentent qu’une fraction d’une population qui est dispersée dans tout l’océan Pacifique et qui migre à des intervalles de temps imprévisibles.
La tortue luth du Pacifique se nourrit dans sept zones connues de l’océan, qui s’étendent de la Nouvelle-Zélande à la Californie en passant par le Japon. La sous-population orientale niche au Mexique et dans certaines régions d’Amérique centrale et celle du Pacifique occidental niche principalement en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Vanuatu. Les auteurs expliquent qu’il est difficile d’établir une estimation concrète de la population, étant donné la nature de la tortue luth du Pacifique occidental. En effet, il s’agit de la seule sous-population dont le mode de nidification est bimodal, ce qui signifie que certaines femelles nichent l’été et d’autres l’hiver. L’incertitude est d’autant plus grande que la tortue luth du Pacifique occidental ne visite les aires d’alimentation et de nidification que tous les deux à cinq ans. Il n’existe par ailleurs pas de compte exact du nombre de tortues luth du Pacifique occidental. En 2013, l’UICN estimait qu’environ 1 400 tortues adultes survivaient dans la sous-population. Il est prévu que la population passera sous la barre des 1 000 individus d’ici à 2030. Les deux sous-espèces du Pacifique sont considérées dans cette étude comme en danger critique d’extinction notamment en raison de leurs longs itinéraires de migration en haute mer, où elles sont confrontées à des menaces telles que la pêche au filet maillant dérivant, les collisions avec les navires et la pollution.
Les pêches au filet maillant dérivant et à la palangre sont connues pour tuer les tortues de mer qui se prennent dans les filets et autres engins de pêche. Les scientifiques affirment même que les données existantes sur les prises accessoires sous-estiment probablement les chiffres réels. Le changement climatique compromet encore davantage l’avenir de la tortue luth à cause des tempêtes extrêmes pouvant décimer les sites de nidification, tandis que la hausse des températures nuit à la viabilité des oeufs.